Que ce soit chez les primeurs ou dans les grandes surfaces, vous aurez sans doute remarqué le prix plutôt élevé du kilogramme d’abricot qui avoisine les 4 TND. Pourtant, la Tunisie vit actuellement une période de surproduction de ce fruit doré. Intervenant dans Sbeh El Ward ce jeudi 23 mai 2019, le membre de l’Union Tunisienne d’Agriculture et de la Pêche (UTAP), Kouraïch Belghith, a mis en cause une nouvelle décision prise par le ministère du Commerce : toute exportation doit désormais être soumise à une autorisation.
9 millions de tonnes d’abricots détruits
Les conséquences ont été immédiates selon lui : les agricultures ont été incapables d’exporter ces derniers jours vers la Libye et l’Algérie, qui absorbent, d’habitude, ce surplus de production. Deux chiffres qui nous laissent perplexes ont été évoqués par le membre de l’UTAP : mercredi 22 mai 2019, 3 tonnes d’abricots ont été détruits et on devrait s’attendre à la destruction de 6 tonnes ce jeudi 23 mai 2019. Plus encore : le kilogramme d’abricots au marché de gros de Kairouan – un gouvernorat qui produit 45% des abricots du pays – atteint les 200 millimes seulement… Des tonnes détruits d’un fruit devenu un luxe pour certains tunisiens.
« L’autorisation a fermé les portes de l’exportation »
Pour le membre de l’UTAP, la solution est simple : il faut abroger le décret relatif à l’autorisation d’exporter. Il rappelle, au micro de Hatem Ben Amara, qu’il est impossible pour les petits agriculteurs de se rendre quotidiennement au marché pour vendre les abricots compte tenu de leurs petits moyens. « L’autorisation a fermé la porte aux exportations. Le marché local est incapable d’absorber autant d’abricots. Nous avons sollicité le ministère du Commerce a plusieurs reprises mais aucune réaction de sa part. Les agriculteurs sont aujourd’hui déprimés, d’autant plus qu’ils font face à un coût de production élevé : 700 millimes par abricot », a-t-il encore expliqué.
On ignore le motif du ministère du Commerce d’avoir imposé une autorisation pour exporter, c’est un autre débat. Mais on se pose des questions, aujourd’hui, sur les raisons de son mutisme face à une telle situation. Avec Omar El Behi à sa tête, le département du Commerce a toujours soutenu qu’il voulait soutenir la production nationale. Difficile à croire si l’on se rend sur le terrain. Nous avons, tout d’abord, ce frein à l’exportation des abricots. Ce sont les petits agriculteurs qui sont en train de payer la facture, au même titre que les consommateurs tunisiens qui ne savent plus où donner de la tête avec des prix aussi élevés pour les fruits et les légumes, sachant que notre production nationale se porte bien ! L’option de l’importation a été privilégiée à plusieurs reprises par le ministère, que ce soit pour le lait ou, récemment, pour les pommes de terres. Dans tous les cas, il aurait mieux fallu soutenir l’agriculteur tunisien au lieu de l’asphyxier.