Pour préparer le baccalauréat, le ministère de l’Education sort l’artillerie lourde et Hatem Ben Salem l’a rappelé ce jeudi 13 juin 2019. Intervenant dans Le Vif du Sujet sur Radio Tunis Chaîne Internationale (RTCI), le ministre est revenu sur les mesures prises afin d’assurer le bon déroulement de l’examen national, mais également sur la réforme du système éducatif et la formation des enseignants.
Au total, 80 tentatives de fraudes ont été enregistrées lors du premier jour de l’examen, contre 72 tentatives l’an dernier. Le ministre a réitéré que tout est mis en oeuvre pour assurer le bon déroulement de l’examen et la sécurité des sujets. Dans cette optique, Hatem Ben Salem a évoqué des innovations. « Les sujets ont été envoyés sous forme de documents numériques aux centres des examens. Ceci nous a permis d’économiser 140 000 km de route et de 2 millions de dinars. Nous avons mis un plan B pour faire face à toute éventualité, mais nous n’en avons pas eu besoin. Dans chaque centre d’examens, les sujets sont placés dans des salles spécifiques, surveillées et avec des portes blindées. Nous avons aussi évité que les sujets restent sur les bureaux des directeurs des centres », a-t-il expliqué au micro d’Anis Moraï.
Exit les brouilleurs électroniques pour mieux lutter contre les fraudes
Cette année, soulignons-le, le ministère de l’Education s’est passé des brouilleurs électroniques, et pour cause, selon Hatem Ben Salem : leur inefficacité. « Le baccalauréat est l’un des derniers bastions de la République. Il est l’examen roi. De ce fait, nous tenons à conserver sa crédibilité. Sans les brouilleurs, les enseignants-contrôleurs fourniront plus d’efforts [afin de traquer les tentatives de fraudes]. Ces appareils ont coûté 2 millions de dinars. Nous avons lancé un processus juridique et administratif pour reprendre ce marché. Le dossier est entre les mains de la commission d’intermédiation sur les marchés publics. Nous trouverons une solutions pour garantir le droit de tous. Nous n’avons pas voulu prendre le risque de recourir aux brouilleurs. Pour l’instant, les résultats ne sont pas mauvais », a-t-il noté.
Aucune fuites des sujets
D’un autre côté, Hatem Ben Salem a rappelé que la loi est désormais appliquée en cas de fraude – interdiction de passer l’examen pendant 5 ans, renvoi de tous les établissements scolaires publics -, ce qui joue un rôle dissuasif et permet de lutter contre l’impunité. « Les gens savent qu’il vaut mieux préparer l’examen pour le réussir. De leur côté, les parents doivent prendre leur responsabilité en main afin d’empêcher leurs enfants de se rendre dans les centres d’examens avec des appareils de fraude. De fait, 90% des cas de fraudes sont effectués avec des appareils électroniques », a-t-il souligné.
Dans ce même contexte, le ministre a assuré qu’il n’y avait eu aucune fuite des sujets de philosophies. « Une fuite intervient avant le début des épreuves. Même 15 minutes après le coup d’envoi de l’examen, on ne peut parler de fuites », a-t-il déclaré.
Les chiffres glaçants de l’examen d’entrée aux collèges pilotes
D’autre part, le ministre de l’Education a insisté sur la nécessité d’instaurer un concours national obligatoire pour la Sixième. Il considère, en effet, que le plus grand problème du système éducatif réside dans le fait qu’il n’existe qu’un seul examen national pour évaluer les élèves (baccalauréat). Pour illustrer ses propos, il a fourni des chiffres qui font froid dans le dos concernant l’examen de la Sixième de 2018, en vue d’intégrer les collèges pilotes. « 30 000 élèves ont passé l’examen d’entrée dans les collèges pilotes. La moyenne en mathématique était de 3,2 sur 20. On compte une moyenne de 6,5 sur 20 pour les sciences. Nous n’avons aucune possibilité d’évaluer nos élèves. Nous ferons de notre mieux afin d’instaurer une session nationale obligatoire pour la sixième dès l’année prochaine. C’est une urgence nationale », a-t-il expliqué.
Les enseignants du public interdits d’exercer dans le privé
Par ailleurs, le ministère de l’Education a été interpellé sur la question de l’enseignement privé. Il considère que le public et le privé doivent être complémentaires. Or, il existe des pratiques inacceptables dans le privé. « Dès l’année prochaine, les enseignants du public seront interdits d’enseigner dans les établissements privés au risque d’être radiés de la fonction publique. Les enseignants du privé, pour leur part, pourront suivre une formation assurée par le ministère de l’Education, ce qui constituera un gage de qualité », a-t-il dit.
C’est tout le système éducatif qui doit être remis en question et réformé selon Hatem Ben Salem. Il faut une réforme radicale et s’attaquer, également, aux programmes scolaires. De fait, ces derniers datent des années 90 pour la plupart des matières. « Nous devons dématérialiser ces programmes et intégrer intelligemment les TIC. La formation des enseignants constitue un autre volet sur lequel il faut travailler. La remise à niveau commencera dès cet été, notamment pour les langues. Par ailleurs, pour la premières fois, les diplômes seront octroyés en plusieurs langues et avec un QR code afin de les sécuriser. En effet, des ambassades ont reçu, l’année dernière, des faux diplômes par des demandeurs de formations à l’étranger », a encore déclaré Hatem Ben Salem.