Depuis la désignation du Chef du gouvernement, Youssef Chahed, à la tête de Tahya Tounes, la frontière séparant l’action gouvernementale et la campagne politique est devenue si fine qu’elle risque, un jour ou l’autre, de disparaître. Plusieurs observateurs l’ont souligné, hormis les traditionnels détracteurs de Youssef Chahed.
Il s’agit, objectivement, de critiques légitimes, car un gouvernement ne peut se permettre d’utiliser les instruments de l’État pour servir ses intérêts politiques. Il semble, à présent, que Youssef Chahed et Tahya Tounes sont passés à la vitesse supérieure pour préparer les élections législatives. Nous savons déjà que le ministre du Tourisme, René Trabelsi, va porter les couleurs de Tahya Tounes en tant que tête de liste pour tenter de remporter la circonscription de France Nord 1. D’autres informations évoquent la candidature de la ministre intérimaire de la Santé et ministre des Sports et de la Jeunesse, Sonia Bechikh, en tant que tête de liste à Ben Arous, toujours pour défendre les couleurs de Tahya Tounes.
Il s’agit de ministres et non de citoyens ordinaires ou d’autres acteurs politiques. Autrement dit, c’est au service du pays qu’ils doivent se consacrer. Nous les voyons mal arriver à faire la part des choses entre leur campagne électorale et leur travail au sein du gouvernement.
Dans l’éthique politique, un responsable doit faire son choix : gouvernement ou campagne électorale. Il doit soit se consacrer au service du pays, soit quitter son poste pour exercer son droit de se présenter aux élections. Mais ça, c’est sur le plan théorique. Dans la pratique, en Tunisie, c’est autre chose.
F.K