Après sa défaite lors du premier tour de l’élection présidentielle, le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, a déploré l’éparpillement de la famille démocrate, progressiste et moderniste. Et il n’a pas tort après tout, vu qu’une bonne dizaine de candidats de cette même famille se sont affrontés lors du premier tour du scrutin. Intervenant dans Midi Show avec Elyes Gharbi ce vendredi 20 septembre 2019, Youssef Chahed est une fois encore revenu sur ce point.
« Avec le parti, nous avons fait beaucoup d’effort, jusqu’au bout, en vue de rassembler la famille démocrate. Mais non n’avons pas réussi », a-t-il concédé. Il considère, dans ce même contexte, que la crise économique est l’une des causes qui expliquent son échec. De fait, selon Youssef Chahed, le discours politique était loin des aspirations du citoyen. « Le peuple a donc punit Youssef Chahed et tout le système. Le peuple, d’un autre côté, pense que la situation va s’améliorer en changeant de têtes. La classe politique, de son côté, a été incapable de présenter des programmes capables de satisfaire les ambitions des jeunes. Le gouvernement, pour sa part, n’a pas été très présent sur le plan social. Il n’a pas touché le citoyen dans son quotidien », a-t-il encore concédé.
Kaïs Saïed, un homme de loi et de confiance, mais un entourage inquiétant
D’autre part, le Chef du gouvernement a critiqué les campagnes de dénigrement qui l’ont visé. « Il est légitime que des citoyens punissent la classe politique. Cependant, il ne faut pas punir la Tunisie », a-t-il ajouté, mettant en garde contre l’éparpillement qui pourrait avoir lieu pendant les élections législatives.
Au sujet de Kaïs Saïed, Youssef Chahed considère qu’il s’agit d’un homme de loi et de confiance. En revanche, c’est son entourage qui l’inquiète. « Nous ne connaissons pas son entourage, ce qui suscite quelques craintes. Certaines personnes de cet entourage appellent, à titre d’exemple, à abroger la loi d’urgence et à libérer 300 personnes soupçonnées d’être impliquées dans le terrorisme », a-t-il noté.
Le Chef du gouvernement, par ailleurs, a été interpellé sur les accusations relatives à l’utilisation des moyens de l’État durant sa campagne électorale et le soutien de la France. « Comment aurai-je pu utiliser les moyens de l’État et bénéficier du soutien de la France sachant que je suis arrivé 5ème [au premier tour de l’élection présidentielle] ? », s’est-il interrogé, non sans humour.
Autre sujet abordé par le Chef du gouvernement : Abdelkarim Zbidi, ministre de la Défense et candidat écarté au premier tour de la présidentielle. Il l’a appelé à « se réunir autour d’une même table en vue de conjuguer les efforts ». Youssef Chahed, par cette alliance, veut « sauver le pays ». « Je ferai abstraction des propos dangereux qui ont été prononcés à mon sujet par Abdelkarim Zbidi. Il faut unir nos forces et entamer les prochaines élections unis. Il faut permettre à la famille démocrate de se rassembler et de constituer un bloc parlementaire qui pèsera lourd [à l’Assemblée des Représentants du Peuple]« , a-t-il souligné.