Linstance nationale de l’investissement est en train de structurer progressivement ses activités et de moderniser graduellement ses prestations de services.
Son premier responsable vient de donner un aperçu des déclarations d’intention d’investissement enregistrées au cours de l’année 2019 en ce qui concerne les projets à caractère national. Il s’agit de 33 projets dont le montant global de l’investissement atteint 2,2 milliards de dinars, ce qui représente la création de 14.000 emplois permanents. Ces intentions sont très proches des prévisions établies par l’INI en 2018 pour 2019.
Il s’agit des déclarations d’intention d’investissement, portant sur des projets d’intérêt national, selon la définition retenue par les autorités, c’est-à-dire, lorsque l’investissement porte sur un minimum de 15 millions de dinars avec un potentiel d’emploi salarié permanent de 500 personnes au minimum.
Dans l’esprit du législateur, ce sont des projets éligibles à des avantages supplémentaires à ceux prévus par la loi, en raison du caractère stratégique du projet, ou bien de l’ampleur de l’investissement consenti ou encore de l’impact de l’emploi procuré sur l’économie de la région où s’implante le projet.
La tendance est bien marquée pour l’implantation de projets dans les zones à développement régional prioritaire : 55% du nombre de projets y sont implantés, mais cela ne représente que 43% des emplois prévus.
Il est clair que les incitations financières ne sont pas étrangères à cette attractivité des zones intérieures, ainsi d’ailleurs que le coût et la disponibilité des lots de terrain à usage industriel.
Il y a lieu de constater la percée remarquable de l’investissement extérieur, à moins que cela ne puisse paraître comme une timidité persistante et malsaine de l’investissement privé tunisien. En effet, 55% des investissements prévus sont d’origine étrangère.
Cela signifie-t-il que les investisseurs extérieurs ont plus confiance dans l’avenir, la stabilité socio-politique et économique que les hommes d’affaires et les chefs d’entreprises tunisiens dans leur propre pays ?
La répartition sectorielle des intentions d’investissement est très intéressante à analyser pour les projets nationaux.
En effet, 70% des projets appartiennent au secteur industriel, soit 20 projets sur 33, ce qui est rassurant pour la vocation et la persistance, la fiabilité et la résilience du site investissement tunisien. Et ce, malgré la percée inquiétante des grands projets d’investissement à forte consonance commerciale comme Mall Tunisia aux Berges du Lac II, l’inauguration de Géant en banlieue sud de Tunis et le Mall Of Sousse qui sont déjà opérationnels, tandis que le Mall de Sfax et celui d’Ennasr sont en construction avancée.
Représentant 15% des projets, les énergies renouvelables commencent à peser, tandis que l’agriculture est en train de percer avec 12% des projets. Les services, avec 3%, ne sont représentés que par un seul projet.
Il y a donc lieu de constater la remontée en puissance et le regain d’intérêt évident en faveur de l’investissement industriel, contrairement à ce qui a été constaté et dénoncé à juste titre par plusieurs experts et responsables.
Il y a là un inversement de tendance salutaire qui mérite d’être poursuivi et confirmé dans les faits.
Cela prouve, si besoin est, que notre pays demeure attractif vis-à-vis des investisseurs internationaux, malgré l’instabilité socio-politique, le climat incertain des affaires et les obstacles à l’investissement. L’insuffisance des infrastructures et les tracasseries administratives venant s’y ajouter.
Grâce à la proximité de l’Europe, à la qualification de la main-d’œuvre, aux compétences techniques des cadres supérieurs tunisiens, aux avantages fiscaux accordés par les pouvoirs publics et à la compétitivité des coûts de certains facteurs de production, les investissements étrangers n’ont pas tari.
La preuve, c’est que des groupes internationaux qui ont la faculté de s’implanter ailleurs, choisissent d’investir en Tunisie.
Etant donné que la création massive d’emplois figure parmi les principales préoccupations des pouvoirs publics, il y a lieu de constater que ce sont les projets industriels qui recèlent la plus forte intensité de création d’emplois puisqu’il s’agit de 82% des 14.000 emplois prévus, alors que l’agriculture ne prévoit que 14%. Une fois les chantiers achevés, les projets d’énergies renouvelables ne comportent que très peu d’emplois permanents (1%).
Globalement, on peut dire que ce n’est pas le marché tunisien avec son manque de profondeur et ses dimensions modestes, qui attire les investisseurs, puisque 45% des entreprises bénéficient du statut totalement exportateur, alors qu’elles concentrent 86% de l’emploi à créer.
Il faut croire qu’il y a sinon des signes, du moins les prémices d’une relance de l’investissement.
Encore faut-il que ces intentions d’investissement soient concrétisées et réalisées par leurs promoteurs.
Cela dépend de plusieurs facteurs, dont la stabilité socio-politique avec la mise en place rapide d’un nouveau gouvernement, ainsi que la disponibilité des concours financiers nécessaires.
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