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À une semaine du début du mois saint de Ramadan, les musulmans s’apprêtent à entrer dans un mois de jeûne particulier en raison de l’épidémie de coronavirus, qui interdit les rassemblements lors des fêtes religieuses.
Les Musulmans de France s’apprêtent à vivre un Ramadan dans des circonstances exceptionnelles. En pleine crise sanitaire du coronavirus qui impose des mesures strictes à la population, les fidèles musulmans vont devoir aborder ce mois de jeûne différemment. Les rassemblements étant interdits lors des fêtes religieuses, il n’y aura donc pas de célébration dans les lieux de culte. Tout du moins lors des premières semaines du Ramadan, puisqu’il devrait débuter le vendredi 24 ou le samedi 25 avril, alors que le confinement s’achèvera au plus tôt le 11 mai. Il y a quelques jours, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a ainsi invité tous les musulmans de France à bien respecter les règles strictes du gouvernement pendant le ramadan.
*“C’est un événement qui se vit en communauté”
Un Ramadan qui s’annonce donc très différent des précédents pour les fidèles, surtout d’un point de vue social, comme l’explique Lamine Layouni, membre d’une association de musulmans en Seine-et-Marne : “Le gros impact, c’est par rapport aux lieux de culte. Il n’y en a pas et le ramadan c’est un événement qui se vit en communauté.”
De plus, il rappelle qu’il s’agit d’un événement qui rassemble un très grand nombre de musulmans, au-delà des pratiquants : “C’est assez particulier parce qu’en France, même si tout le monde ne pratique pas forcément, les gens font le Ramadan. C’est un vrai événement culturel. Il y a donc énormément de gens qui se rassemblent et ça crée une vraie ambiance. Mais là, sans les lieux de culte, ça ne sera pas possible et il n’y aura pas cette ambiance”, regrette-t-il.
*Aider les gens seuls
Cependant, le jeune homme de 26 ans estime que la situation n’empêche pas de faire le Ramadan : “Les mesures strictes impactent sur le plan social, mais ça n’empêche pas de faire le ramadan correctement. l’Islam n’est pas une religion d’ostentation, elle peut se pratiquer seul.”
Avec l’interdiction de la prière de tarawih à la mosquée pour le Ramadan de cette année, il convient de rappeler que d’illustres compagnons priaient ces prières chez eux et que certains savants ont considéré qu’elle était meilleure lorsqu’elle est accomplie chez soi.
Mais ce n’est pas pour autant que le trésorier de l’association Al Rahma, association des musulmans de Thorigny (Seine-et-Marne), estime qu’il ne faut pas aider les personnes seules, bien au contraire :
“On est en train de mettre un programme en ligne pour aider les gens. On y met des cours pour apprendre l’arabe, le Coran et d’autres petits rappels pour que ces gens gardent un lien avec la religion.”
Lamine est conscient que pour beaucoup de fidèles, il sera plus difficile de s’impliquer comme les autres années : “Cela va être plus dur pour certains, il n’y aura pas d’ambiance. Donc, peut être moins de motivation, notamment pour les gens seuls. À nous de les aider.”
*“Ne pas avoir les mosquées, ça change tout”
Pour Hanane, musulmane de 25 ans habitant à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), la situation actuelle change tout dans la manière d’aborder le Ramadan. “Tous les ans, on fait le Ramadan en famille, et on a l’habitude d’inviter des proches. Notamment ceux qui sont seuls, parce qu’on ne laisse pas quelqu’un couper son jeûne tout seul. On ne va donc plus recevoir plein de monde à la maison, et ça, c’est le gros changement.” Un Ramadan qui s’annonce donc différent à la maison mais également en dehors, en raison de l’interdiction de célébrer les fêtes religieuses dans les lieux de culte : “Ne pas avoir les mosquées, ça change tout. C’est une des parties les plus importantes du Ramadan.”
Les années précédentes, Hanane avait l’habitude de prendre des initiatives en faveur des plus démunis pendant le Ramadan, chose qui s’annonce difficile cette année : “Tous les ans, avec des amies, on va aider les gens dans le besoin en organisant des maraudes. On prépare ou on achète à manger pour ces gens qui sont dans la rue, mais malheureusement on ne pourra pas le faire cette année.”
Mais malgré tous ces changements, la jeune femme reste positive : “Ça va être un Ramadan particulier, il risque d’être dur, mais je suis sûre que cela sera une bonne expérience”.