L’homme fort de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, a assuré lundi avoir obtenu le «mandat du peuple» pour gouverner la Libye, promettant de poursuivre son offensive contre Tripoli. Appuyé par un parlement installé dans l’Est de la Libye, Haftar s’oppose au gouvernement d’union nationale, GNA basé à Tripoli et reconnu par l’ONU. Son message télévisé a été diffusé par le bureau des médias des forces armées libyennes.
Khalifa Haftar a déclaré dans ce message avoir « accepté le mandat du peuple libyen » et que le GNA est maintenant aboli dans les zones sous contrôle de l’ANL. Son annonce fait suite à un discours télévisé du 24 avril dans lequel il a milité pour un régime militaire.
Depuis, il avait reçu des promesses de soutien de divers groupes tribaux, politiques et sociaux, ainsi que du soutien de la base dans des villes clés alignées sur l’ANL. Il a laissé de nombreuses questions sans réponse pour le moment et d’autres renseignements devraient suivre.
On ignore actuellement s’il a l’intention de prendre des mesures concrètes pour consolider le contrôle de l’ANL. Si c’est le cas, les opposants dans les zones sous contrôle de l’armée libyenne pourraient être arrêtés ou évincés de tout bureau officiel. On ne sait pas non plus où en est la Hor et le Président Aguila Saleh sur la question du pouvoir militaire.
Saleh a récemment présenté sa propre feuille de route, mais il est possible que ce soit davantage un plan à long terme pour revenir à la démocratie pendant que l’armée prend le contrôle immédiatement. Le déménagement pourrait encore provoquer des tensions, même si Saleh est favorable transfert du pouvoir à l’armée provisoirement.
Dans son discours le Maréchal Haftar a affirmé qu’il prenait acte de l’appel des libyens en ces termes : “Nous déclarons prendre acte de la volonté du peuple et accepter le mandat qui nous est confié pour jeter dans les oubliettes du passé un gouvernement qui n’a eu de but que de détruire le pays et de le pousser vers les abîmes.
Nous acceptons la charge de gouverner la Libye. L’Armée prend le contrôle de l’Etat et assure, dès à présent, la direction politique de la Libye afin de la conduire sur la route de sa libération. Cet acte traduit la volonté du peuple. Le peuple reprend ce soir son destin en main et choisit la voie à suivre vers sa démocratie. Notre objectif, dès le premier jour, a toujours été de représenter et protéger la volonté du peuple.
L’Armée est le peuple, l’Armée sert le peuple et elle fera tout pour soulager ses souffrances.”
Le 23 avril courant, Haftar avait appelé ses concitoyens à rejeter l’accord politique conclu en 2015 à Skhirat, qui a abouti à la formation du gouvernement d’union nationale conduit par Fayez Sarraj.
Depuis 2011 la chute de Gueddafi en 2011, la Libye est longée dans le chaos. Deux camps rivaux se disputent le pouvoir. D’un côté le gouvernement d’entente nationale (GEN) dirigé par Fayez el-Sarraj, qui siège à Tripoli et est reconnu par la communauté internationale, et de l’autre, un gouvernement parallèle soutenu par le maréchal Khalifa Haftar, dans l’Est du pays.
Haftar tente depuis avril 2019 de s’emparer de la capitale Tripoli, sans réussite. Le conflit a fait des centaines de morts et plus de 200.000 déplacés.
Réagissant à ce discours, un conseiller politique du GNA, Mohammed Ali Abdallah,a estimé que Haftar « a révélé une fois de plus au monde ses intentions autoritaires ». et d’ajouter, « il ne cherche plus à cacher son mépris pour une solution politique et pour la démocratie en Libye. Sa déclaration de ce soir est un dernier acte désespéré d’un homme vaincu« .
17