L’affaire de la jeune blogueuse tunisienne, Emna Chargui, a fait couler beaucoup d’encre. Pour rappel, la jeune femme, a publié un statut Facebook qu’elle voulait humoristique, dans lequel elle a parodié une Sourate du Saint Coran, qu’elle a baptisée « Sourate Corona ». Aussitôt, le ministère public a ordonné à la brigade de la protection sociale de la Kasbah de convoquer Emna Chargui et de l’interroger.
Les condamnations, suite à cette convocation, ont été nombreuses, notamment de la part du SNJT (Syndicat National des Journalistes Tunisiens), ou récemment de la part de l’Observatoire National de Défense du caractère civique de l’État. Toutes les critiques ont dénoncé l’atteinte à la liberté d’expression et à la liberté de conscience.
Ce sont, en effet, deux droits absolus, immuables et indiscutables, et ce sont les acquis incontestables de la Révolution. Emna Chargui n’est pas journaliste, certes. Mais dans tous les cas, il existe une déontologie à respecter. Une quelconque arrestation ou la moindre mesure de restrictions des libertés est condamnable. Néanmoins, l’atteinte au sacré est tout aussi condamnable, et ce quelle que soit la religion : christianisme, judaïsme, bouddhisme, islam… Tout. Il est inacceptable de porter atteinte au sacré sous la couverture de la liberté d’expression. La Tunisie est un État laïque, mais on confond souvent la laïcité avec le rejet de la religion. Dans un État laïque, la liberté de conscience est respectée : que l’on soit athée, chrétien, juif, musulman ou autre, on est protégé et on exerce sa religion dans le respect du cadre républicain. La laïcité, autrement dit, est le respect de toutes les pensées et de toutes les religions. En aucun cas, elle ne doit pas être assimilée au rejet de la religion. En en aucun cas, la liberté d’expression ne doit octroyer le droit de porter atteinte à autrui.
On est libre, mais être libre c’est, en fait, être responsable. A bon entendeur.
Fakhri Khlissa