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Le ministre français de la Santé a annoncé une enveloppe de 6 milliards d’euros pour les augmentations des personnels des hôpitaux, cliniques et Ehpad. Selon le périmètre des effectifs retenu, cela pourrait aboutir à des augmentations comprises entre 260 et 400 euros net.
Ceux qui craignaient que le « Ségur de la Santé », la grande concertation lancée par Emmanuel Macron pour réformer le système de santé, accouche d’une souris en seront pour leurs frais. Côté salaires en tout cas, le gouvernement va mettre le paquet. Le 24 juin, le ministre de la Santé a annoncé qu’une enveloppe de 6 milliards d’euros allait être débloquée pour les augmentations des personnels des hôpitaux, cliniques et Ehpad. La concrétisation de la promesse présidentielle faite le 25 mars en pleine crise sanitaire devant l’hôpital de Mulhouse.
Cette manne est inédite. Elle est vingt fois supérieure à l’augmentation budgétaire allouée fin 2019 aux hôpitaux face à la grève inédite des urgences, qui atteignait 300 millions d’euros pour 2020. Elle est plus élevée que le paquet de revalorisations décidées sous François Hollande pour les 5 millions de fonctionnaires de l’Etat, des collectivités et des hôpitaux. Pour rappel, ces augmentations -les « accord PPCR »- coûtent environ 4 milliards d’euros en rythme de croisière et représentent 100 euros net d’augmentation pour un professeur débutant en 2021.
Personnels des hôpitaux, des cliniques et des Ehpad
Combien de personnels se partageront ce pactole de 6 milliards? La réponse à cette question-clé est encore floue. Si cela inclut 1,1 million d’infirmiers, aides-soignants et employés (administratifs, ménage, restauration, etc.) des hôpitaux et cliniques privées, ainsi que 430.000 personnels des Ehpad du public et du privé, l’augmentation moyenne s’élèverait à 333 euros brut par mois, soit environ 260 euros net. Si le périmètre est réduit au million de personnels soignants, hors médecins, des hôpitaux, cliniques et Ehpad, cela monterait à 500 euros bruts, soit environ 400 euros net.
L’enveloppe ne devrait toutefois pas être répartie de manière parfaitement arithmétique. Le gouvernement envisage en effet à la fois une augmentation générale et des hausses plus ciblées pour certaines professions. Dans les hôpitaux, cela passera par une revalorisation des traitements et des primes des agents de la fonction publique hospitalière et des contractuels. Dans le privé, cela pourrait passer par la signature d’une convention collective qui entérinerait une hausse des grilles salariales des cliniques et Ehpad, en échange d’une hausse des tarifs des opérations que ces établissements facturent à la Sécurité sociale.
« La négociation ne fait que commencer »
« Le Ségur rentre dans le dur, c’est le Money Time », a aussitôt réagi le syndicat FO santé, en assurant que « la négociation ne fait que commencer ». Les syndicats, qui réclament une augmentation de 300 euros net par mois, déplorent que l’enveloppe de 6 milliards concernent les hôpitaux et les cliniques privées. « Il faut que le gouvernement revoie complètement sa copie », a même confié un syndicaliste à l’AFP.
Il faut dire que la manifestation du 16 juin a rassemblé des dizaines de milliers de personnes et que la CGT, FO, Sud et l’Unsa, ainsi que les collectifs Inter-hôpitaux et Inter-Urgences, appellent à une nouvelle mobilisation le 30 juin. Depuis dix ans, les personnels des hôpitaux ont été soumis à la rigueur. Le pouvoir d’achat du salaire net moyen à l’hôpital a diminué de 1% depuis 2009, et la rémunération des infirmiers a décroché de 7% par rapport au salaire moyen en France entre 2006 et 2016.
Il n’empêche, l’enveloppe est historique. Mi-juin, la Fédération hospitalière de France (FHF), le lobby des hôpitaux publics, avait réclamé une enveloppe de 5,5 milliards d’euros pour le personnel des hôpitaux, hors médecin. Tandis que la Fédération des hôpitaux privés (FHP) chiffrait à 825 millions d’euros le budget nécessaire pour augmenter de 300 euros net les soignants des cliniques.
(Challenges)