Le Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, s’est livré à un exercice plutôt périlleux dans la soirée du dimanche 19 octobre 2020, lors de son interview accordée Al Watanya 1. Si sur la forme, il semble avoir réussi sa communication – hormis la position défensive des jambes croisées -, sur le fond, les réponses de Hichem Mechichi ont manqué de précisions, de clarté et de fermeté.
C’était le cas, tout d’abord, lorsqu’il a évoqué la crise sanitaire. Contrairement à son allocution du samedi 3 octobre 2020, le Chef du gouvernement n’a fourni aucune donnée chiffrée qui concerne, à titre d’exemple, le nombre de lits de réanimation. D’un autre côté, on s’attendait à des décisions fermes en vue d’améliorer la gestion de la crise sanitaire. Seulement, le téléspectateur a eu droit aux généralités.
Économie : absence de données chiffrées
Idem pour le plan économique. Le Chef du gouvernement a manqué une occasion de mieux défendre le projet de loi de Finances 2021 qui a été soumis à la commission des finances de l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple). Si les médias détiennent l’intégralité du texte et ont une idée sur ce qu’il contient, ce n’est pas le cas du téléspectateur qui a regardé, hier, l’interview. Sans doute, ce dernier aurait souhaité en savoir davantage sur les mesures relatives à l’accès à la propriété immobilière et sur celles qui devraient protéger son pouvoir d’achat. Le Chef du gouvernement nous a, également, laissés sur notre faim concernant le renflouement des caisses de l’État afin d’assurer le financement du budget. Absence flagrante, également, d’informations sur l’endettement, les modalités nécessaires pour stimuler l’investissement et l’exportation – deux moteurs de la croissance économique -, et de bien d’autres points essentiels.
« Le coussin politique »…
Sur le plan politique, le Chef du gouvernement s’en est mieux tiré, mais implicitement, il aurait confirmé l’existence d’une entente avec la nouvelle troïka – Al Karama, Qalb Tounes et Ennahdha -. Il a, d’ailleurs, sorti l’expression « le coussin politique ». Une première. Et pour preuve : l’évocation de l’amendement du décret-loi 116 relatif à la HAICA (Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle). Celui-ci, comme nous l’avons souligné, présente un véritable danger et un risque d’anarchie pour le paysage médiatique. Interpellé sur le texte, Hichem Mechichi a fourni une réponse qui était tout sauf rassurante : « je suis favorable à toute initiative en faveur de la libéralisation du secteur médiatique ».
En d’autres termes, il serait en faveur de la proposition d’amendement d’Al Karama. Pis encore : la libéralisation évoquée par le Chef du gouvernement serait relative à la suppression des licenciements nécessaires à la création d’un média audiovisuel. Or, cette proposition figure parmi les plus controversées du projet d’amendement d’Al Karama.
Sans doute, la liste des lacunes dans les réponses de Hichem Mechichi est encore longue. Il ne s’agit nullement de douter de son engagement sincère vis-à-vis des Tunisiens. Loin de là. Seulement, le Chef du gouvernement aurait pu mieux faire pour rassurer les citoyens.
Fakhri Khlissa