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L’enquête se poursuit pour déterminer le parcours de l’assaillant abattu par la police dans l’attentat de Vienne du 2 novembre, revendiqué par l’État Islamique. Le ministre autrichien de l’Intérieur a esquissé, mardi, le portrait de l’attaquant.
Les enquêteurs autrichiens tentaient mardi soir de retracer le macabre parcours de l’assaillant de l’attentat de Vienne, revendiqué par l’État islamique. Cette première attaque islamiste en Autriche a été perpétrée par un jeune Autrichien de 20 ans, originaire de Macédoine du Nord, qui a réussi à tromper le programme de « déradicalisation ».
*Attaque revendiquée par L’État Islamique
Le lendemain du drame, le groupe djihadiste État Islamique a revendiqué l’attaque qui a coûté la vie à quatre personnes et fait 22 blessés.
Le communiqué sur Telegram impute à un « soldat du califat » les fusillades meurtrières survenues près d’une synagogue et de l’opéra de la capitale autrichienne.
Dans un texte séparé, accompagné d’une photo de l’assaillant armé, l’agence de propagande du groupe djihadiste Aamaq évoque « une attaque aux armes à feu menée lundi par un combattant de l’État islamique dans la ville de Vienne ».
Elle a aussi publié une courte vidéo dans laquelle l’assaillant armé, seul face à la caméra, se filme en train de prêter allégeance au chef officiel de l’organisation jihadiste Abou Ibrahim al-Hachemi al-Qourachi.
*L’assaillant a trompé le programme de« déradicalisation »
Abattu par la police quelques minutes après avoir lancé son offensive, l’attaquant a été retrouvé avec la Kalachnikov, une machette, un pistolet et une ceinture d’explosifs factice.
Le ministre autrichien de l’Intérieur Karl Nehammer a esquissé, mardi, le portrait de Kujtim Fejzulai. Il s’agit d’un jeune Autrichien de 20 ans, originaire de Macédoine du Nord.
Il avait été condamné en avril 2019 à 22 mois de prison pour avoir voulu rallier les rangs de l’État Islamique en Syrie mais le jeune homme avait été libéré de manière anticipée, trompant ainsi le programme de« déradicalisation » et ceux qui étaient chargés de son suivi.
*18 perquisitions et 14 arrestations
Mardi, une grande partie du centre de Vienne était toujours bouclée. Sur les lieux de l’attentat, des officiers de la police scientifique relevaient des indices.
Les enquêteurs ont multiplié les opérations mardi, menant 18 perquisitions et procédant à 14 interpellations, a précisé le ministre de l’Intérieur Karl Nehammer à l’Agence de presse APA.
Selon les médias autrichiens, citant la police, les forces de l’ordre ont procédé à deux arrestations dans la ville de St-Pölten, située à une soixantaine de kilomètres de Vienne. Une arrestation au moins a également eu lieu à Linz.
*Pas de preuve d’un deuxième assaillant
Kujtim Fejzulai a visiblement agi seul, contrairement aux premières déclarations des autorités qui avaient lancé une chasse à l’homme pour retrouver des complices. « Il n’y a pas de preuve à ce stade de l’existence d’un deuxième assaillant », a souligné le ministre de l’Intérieur, lors d’une conférence de presse mardi 3 novembre.
Selon la presse locale, les enquêteurs se concentraient sur l’exploitation des très nombreuses vidéos tournées par des habitants durant l’attaque, pour tenter d’identifier un deuxième tueur et de retracer le parcours de l’assaillant. La police de Vienne a demandé explicitement que ces vidéos soient transmises aux autorités plutôt que d’être postées sur les réseaux sociaux.
*Deux hommes qui connaissaient l’attaquant interpellés en Suisse
L’enquête a pris une dimension internationale avec l’arrestation, à Zurich, de deux jeunes Suisses qui connaissaient Kujtim Fejzulai.
« Les enquêtes de police ont permis d’identifier des ressortissants suisses âgés de 18 et 24 ans. Les deux hommes ont été arrêtés à Winterthur mardi après-midi en coordination avec les autorités autrichiennes », a indiqué la police cantonale de Zurich dans un communiqué.
*Le chancelier exige une réponse européenne coordonnée
Face à l’irruption dans le quotidien des Viennois de la menace djihadiste qui avait jusqu’alors épargné le pays, le chancelier autrichien Sebastian Kurz est monté dès mardi soir à l’offensive politique et diplomatique. « L’UE doit beaucoup plus se concentrer à l’avenir sur le problème de l’islam politique », une « idéologie » qui représente un « danger » pour le « mode de vie européen », a estimé le chancelier autrichien dans une interview au quotidien allemand Die Welt.
« Je suis déjà en contact avec Emmanuel Macron et de nombreux autres chefs de gouvernement sur cette question, afin que nous puissions nous coordonner plus étroitement au sein de l’UE », a expliqué Sebastian Kurz.
Cet attentat, qui intervient dans un climat tendu en Europe et après une série noire d’attaques en France, a suscité un afflux de réactions de solidarité, du président américain Donald Trump à son homologue russe Vladimir Poutine en passant par l’ensemble des dirigeants européens, d’Ursula von der Leyen à Emmanuel Macron ou Angela Merkel.
(Ouest-France)