Pendant quatre jours, Tunis a été la capitale de la Méditerranée orientale pour la santé. Madame Margaret Chan, Directrice générale de l’OMS, Monsieur Aladin Alwan, directeur du bureau régional de la Méditerranée orientale, de nombreux ministres de la Santé de la région, des ambassadeurs ainsi que des délégations étaient tous réunis en ce mois d’octobre à Tunis pour parler de la situation sanitaire des pays de la région.
L'OMS est dans une situation sans précédent avec cinq situations d’urgence de niveau 3 dans le monde, dont deux dans la région, à savoir les crises humanitaires en Syrie et en Irak, ainsi que les situations d’urgence à Gaza, en Libye et au Yémen.
Des crises humanitaires graves
Selon le directeur régional de l’OMS, jamais nous n’avons connu un aussi grand nombre de personnes affectées depuis la seconde guerre mondiale. La crise humanitaire en Syrie a été la toute première situation d’urgence à être classée niveau 3. Celle-ci a été suivie par la crise qui a eu lieu en Irak. On s’attend à d’autres crises plus graves, car la situation sanitaire de la Libye et du Yémen suscite une grande inquiétude pour l’OMS. Toujours selon le directeur régional, Monsieur Alwan, seize des vingt-deux États membres de la région (Méditerranée orientale) sont confrontés ou ont été confrontés à des crises et à des situations d’urgence sanitaire majeure en 2014.
La région serait mal préparée pour faire face aux situations d’urgence, ce qui constitue une menace grave pour la santé publique dans tous les États membres. Le Dr Alwan déplore que les décisions prises lors des réunions précédentes n’ont toujours pas été mises en œuvre. En effet, en 2010 le Comité régional a demandé aux États membres de créer un fonds de solidarité régional pour les situations d’urgence et accroitre les moyens mobilisables afin de faire face aux différentes crises survenues dans la région. Cela n’a pas été fait. En 2012, le Comité a demandé aux États membres d’augmenter le montant des contributions versées à l’OMS. L’Organisation espère que lors de la réunion de Tunis, ces deux propositions se concrétiseront.
Lors de cette rencontre il a été rappelé qu’en 2012 les priorités sanitaires de la région étaient d’améliorer les cinq domaines suivants : le renforcement des systèmes de santé, la lutte contre les maladies transmissibles, la santé de la mère et de l’enfant, la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles et la riposte aux situations d’urgence.
Malgré les progrès enregistrés dans certains pays de la région, la situation demeure globalement préoccupante : négligence de l’environnement, niveau de pollution de l’air très haut, nombre élevé de décès quotidiens sur les routes, augmentation des facteurs de risque des maladies non transmissibles (cancer, diabète, hypertension, obésité, tabagisme, etc.). Les mesures visant à réduire ces facteurs de risques sont très insuffisantes et très loin de ce qui se pratique dans le reste du monde.
Un séminaire pour la diplomatie sanitaire
La région souffre encore de certaines maladies que l’on croyait éradiquées, comme la poliomyélite. Les responsables de l’OMS ont assuré que des efforts seront accomplis dans les six prochains mois afin de contrer cette maladie. S’ils réussissent, le monde sera exempt de poliomyélite en 2016.
En ce qui concerne le changement climatique dans une zone si aride que la Méditerranée orientale, les participants se sont posé la question de savoir si les différents États étaient conscients de ce risque pour la santé : «sommes nous préparés, Avons-nous pris suffisamment de mesures ? Assumons-nous une coordination suffisante avec les autres secteurs gouvernementaux pour relever ces défis ?»
La santé publique est un domaine qui concerne tous les autres secteurs et non seulement les ministères de la Santé. Dans cette optique, le bureau régional de l’OMS a annoncé qu’il organisera un séminaire annuel sur la diplomatie sanitaire «alors qu’un nombre croissant de défis pour la santé ne peuvent plus être relevés au niveau technique seulement, mais nécessitent des négociations et des solutions sur la plan politique ainsi qu’un large éventail d’intervenants, ces séminaires sont avérés être une excellente occasion de rassembler des acteurs clés. Des parlementaires, des ambassadeurs, de hauts responsables des ministères des Affaires étrangères et de la Santé qui désiraient en savoir davantage sur la santé ont participé à ces séminaires.»
Beaucoup de défis à relever pour les nombreux ateliers qui se sont déroulés sur quatre jours. Reste à espérer que les décisions prises seront bien appliquées dans les différents États.
Samira Rekik