L’Assemblée des représentants du Peuple (ARP) a accordé sa confiance, le 26 janvier 2021, aux 11 ministres proposés par le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, dans le cadre du remaniement ministériel et de la restructuration du gouvernement. C’était dans un contexte marqué par des manifestations non loin du siège du Parlement au Bardo. Les manifestants revendiquaient l’amélioration de leurs conditions économiques et sociales, et appelaient à des décisions pour endiguer la pandémie de la COVID-19. Cet évènement a suscité différentes réactions chez les acteurs de la scène politique tunisienne.
« La trahison des valeurs technocrates »
Hatem Elkaroui, député du Courant Démocratique, a affirmé dans une déclaration accordée à Réalités Online que l’approbation de ce remaniement ministériel est « logique ». En effet, la coalition parlementaire, composée du mouvement d’Ennahdha, de la Coalition Al Karama et de Qalb Tounes, a décidé de le soutenir. Il a ajouté aussi que le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, « a trahi les valeurs technocrates en s’alliant à cette coalition ». Concernant la présence des forces de l’ordre autour du siège du parlement, Hatem ElKaroui estime que c’est « honteux » car « ces forces vont empêcher les manifestants de revendiquer leurs droits vitaux ».
Le Président de la République, Kaïs Saïd, a exprimé son refus de ce remaniement dans une allocution au Conseil National, en évoquant que les ministres suggérés par le chef du Gouvernement sont « soupçonnés de corruption », et qu’ « ils ne représentent pas la volonté du peuple »
Un droit légitime
Dans ce contexte, le chercheur et le scientifique spécialiste en sciences politiques, Aymen Boughanmi, a déclaré que ce remaniement est totalement « légitime » sur le plan juridique, et ce malgré le non respect des principes constitutionnels. Ces derniers stipulent que le chef du gouvernement doit consulter le président de la République avant de présenter la liste des ministres à l’ARP.
Il a ajouté que le Chef du gouvernement a besoin de deux tiers des voix pour obtenir l’approbation des parlementaires pour son équipe remaniée. Aymen Boughanmi a commenté la présence des forces d’ordre au siège du parlement, en disant qu’ils sont en train d’accomplir leur devoir de protéger les institutions de l’Etat afin de conserver la souveraineté du pays, et que l’Etat a anticipé dans cette situation de crainte que le scénario américain ne se répète. »
A noter que l’organisation « I Watch » a appelé à ne pas voter pour le remaniement ministériel puisque certains ministres, selon elle, sont « soupçonnés ou impliqués dans des affaires de « conflit d’intérêt » .
Par Malik Arif, stagiaire