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Une dizaine de prisonniers du mouvement algérien de contestation Hirak ont retrouvé leur liberté, vendredi 19 février, après une grâce accordée par le président Abdelmadjid Tebboune, ont rapporté des défenseurs des droits de l’Homme. Cela intervient à la veille du deuxième anniversaire du début de ce soulèvement antirégime et qui a poussé l’ancien président Abdelaziz Bouteflika à quitter le pouvoir.
Le Comité national de libération des détenus (CNLD) a fait part sur Facebook de la libération d’une dizaine de prisonniers. D’autres sont attendues vendredi encore.
Selon le militant Zaki Hannache, engagé dans la défense des prisonniers d’opinion, ces libérations ont notamment eu lieu dans les wilayas (préfectures) de Bordj Bou Arreridj, Tebessa, M’sila (est), Saïda (ouest), ainsi que dans le Sud, à Tamanrasset et Adrar.
Jeudi 18 février, dans un discours à la Nation très attendu, Abdelmadjid Tebboune a annoncé une grâce présidentielle en faveur de dizaines de détenus du Hirak, perçue comme un geste d’apaisement à l’égard du mouvement de protestation.
« En tout, entre 55 et 60 personnes rejoindront à partir de ce soir ou demain leurs familles », a-t-il promis, en référence aux personnes graciées, sans divulguer de noms. Un tweet de la présidence algérienne a précisé que la mesure concernait les « auteurs de crimes liés aux technologies de l’information et de la communication ».
Selon le CNLD, quelque 70 personnes sont actuellement en prison en lien avec le « Hirak » et/ou les libertés individuelles. Des poursuites fondées dans au moins 90% des cas sur des publications critiques envers les autorités sur les réseaux sociaux.
Devant la prison de Koléa, à l’ouest d’Alger, militants, journalistes et familles se sont réunis vendredi matin pour attendre les détenus libérés. Parmi les prisonniers de Koléa figure le journaliste Khaled Drareni, devenu le symbole du combat pour la liberté de la presse en Algérie. Il avait été condamné à deux ans de prison en septembre.
L’initiative du président Tebboune survient à la veille du deuxième anniversaire du Hirak , le 22 février 2019, qui a forcé l’ex-homme fort Abdelaziz Bouteflika à quitter le pouvoir en avril 2019.
Le mouvement continue d’exiger le démantèlement du « système » politique en place depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962. Des appels à manifester lundi 22 février dans tout le pays circulent sur les réseaux sociaux.
Des milliers d’Algériens s’étaient déjà rassemblés mardi 16 février à Kherrata (est), ville considérée comme le berceau du soulèvement, pour réclamer « la chute du régime » et « la libération des détenus d’opinion ».
(France24, avec AFP)