Les enjeux géopolitiques post-COVID, la 23ème session du Forum International de Réalités et la crise de la presse écrite ont été au cœur de l’intervention de Taïeb Zahar, président du Forum et de la Fédération Tunisienne des Directeurs de Journaux (FTDJ). Il était l’invité de notre confrère Anis Moraï ce mardi 30 mars 2021, dans l’émission dans Le Vif du Sujet sur RTCI. Compte rendu.
Lourdes sont les conséquences de la crise sanitaire, que ce soit dans le monde ou en Tunisie. Il s’agit, désormais, de réfléchir sur l’après-COVID selon Taïeb Zahar qui affirme que nous ne sommes pas encore sorti de la crise. « Il faut rebondir et réfléchir sur les enseignements de cette pandémie afin d’en tirer profit. Il y a un monde avant la COVID et un autre après la COVID. En tant que Think Tank, société civile et journalistes, nous devons réfléchir à tout cela pour résoudre les problèmes économiques, sociaux et les autres », a-t-il déclaré.
La nécessité de diversifier les partenariats de la Tunisie
Le 23ème Forum International de Réalités sera donc l’occasion de réfléchir sur le partenariat euroméditerranéen. « Notre partenaire stratégique – l’Union Européenne (UE) – doit comprendre qu’il faut, justement, négocier ce partenariat [ndlr : on parle d’un partenariat pour la période 2021 – 2028. D’ailleurs, une délégation européenne devrait bientôt arriver en Tunisie pour en discuter]. L’UE doit tenir compte de nos difficultés. Quant à nous, nous devons leur donner des réponses claires », a-t-il souligné.
Ainsi, il faut repenser le partenariat de la Tunisie avec les autres puissances mondiales. De fait, rappelle Taïeb Zahar, la crise de la COVID-19 a fait émerger de nouvelles puissances à l’instar de la Russie, de la Chine et de la Turquie.
« Les criminels qui ont abusé de la Tunisie »
« Il faut diversifier ces partenariats pour l’intérêt de la Tunisie. S’il n’y a pas beaucoup d’investissements chinois en Tunisie, c’est de notre faute. Le maire de Shangaï – une ville qui a le plus grand port d’eau profonde – a voulu travailler sur le projet du port des eaux profondes d’Enfidha. Lorsque j’ai rencontré le maire de Shangaï, je lui ai demandé pour quelle raison le projet est-il encore bloqué. Il m’a expliqué que le blocage vient du côté tunisien, sachant que la Chine est prête à fournir le financement et à assurer la construction », a expliqué Taïeb Zahar.
En d’autres termes, poursuit-il, c’est à cause des lourdes lois tunisiennes. « Il existe des criminels qui ont abusé de la Tunisie. On pense à la loi d’urgence économique qui est bloquée depuis des années à l’Assembkée des Représentants du Peuple (ARP). Des pays, comme le Maroc, font tout pour attirer les investisseurs. La Tunisie ne fait que les faire fuir. Nous avons tant d’atouts, mais nous sommes en train de les perdre », a-t-il regretté.
« Certains veulent détruire l’outil de production et instaurer l’anarchie »
Il faut également être capable d’attirer les investissements européens. En effet, en raison de la crise sanitaire, certains industriels comptent relocaliser leurs sites de production, notamment dans le secteur pharmaceutique. La Tunisie doit profiter de cette situation afin d’attirer ces grands groupes. Or, selon Taïeb Zahar, on constate, aujourd’hui, que des grands groupes quittent notre pays. « Certains veulent détruire l’outil de production. Ils veulent instaurer l’anarchie. L’État, face à cela, ne réagit pas, et c’est une attitude criminelle », a assuré le président du Forum International de Réalités au micro d’Anis Moraï, soulignant l’importance d’un électrochoc qui doit toucher les gouvernants.
Dans cette optique, il s’agit d’organiser un forum sans langue de bois. « L’objectif est de sortir avec des recommandations et en faire le suivi. Ces dernières seront soumises aux plus hauts responsables du pays. Dès le départ, le forum ne s’est jamais appuyé sur les officiels. Nous voulons des gens qui s’expriment librement, sans langue de bois. C’est la marque de fabrique du Forum International de Réalités », a précise Taïeb Zahar.
La crise des médias
A la fin de l’intervention, notre confrère Anis Moraï a interrogé Taïeb Zahar sur la situation des journaux. Celle-ci, rappelle Taïeb Zahar, était déjà difficile avant la COVID-19. La situation a empiré à cause de la crise sanitaire. « Nous avons voulu que les journaux et les radios puissent être rémunérés pour avoir contribué à la campagne de sensibilisation contre la COVID-19. D’ailleurs, 5 MDT devaient être débloqués au profit des médias à cet effet. Jusqu’à aujourd’hui, l’argent n’a pas été décaissé. Nous sommes étonnés et déçus », a encore déclaré Taïeb Zahar.
🔴 Dans le vif du Sujet de RTCI avec Anis Morai reçoit M. Taieb Zahar
Président du forum international de Réalités et président de la fédération tunisienne des directeurs de journauxPubliée par RTCI sur Mardi 30 mars 2021