Lorsque la BTS fut créée, les Tunisiens avertis pensaient avoir affaire à une banque de solidarité tel que connue sous le principe de la micro finance. Mais la BTS a été créée d’emblée dans le but de réaliser des profits et a pris la forme d’une société anonyme dès le départ. En outre, la méthode de la création de la BTS était insolite au même titre qu’elle était originale.
Le 21 mai 1997, le président de la République annonce qu’il a donné son feu vert à la création d’une banque de solidarité. Après la déclaration présidentielle, s’en suit une véritable campagne de propagande incitant les citoyens tunisiens à souscrire au capital de ladite banque, banque rappelons le, qui n’était pas encore existante : un vrai tour de magie à la Tunisienne mais qui a marché…
Le régime tunisien de l’époque était passé maître dans la propagande politique et tous les grands responsables étaient mis à contribution pour faire participer la communauté et surtout les hommes d’affaires, aux efforts nationaux sur fond d’un calque parfait de ce qui se faisait à la veille d’un certain 8 décembre de chaque année, jour de solidarité nationale, où il fallait contribuer au fonds national de solidarité plus connu sous le nom 26-26.
Les hommes d’affaires, donc, devaient mettre la main à la poche et participer au capital de la BTS et plus généralement tout citoyen tunisien souhaitant prendre des parts dans le capital de la banque. Bref, en Octobre 1997 a été ouvert et libéré en totalité à la souscription le capital de la BTS, une banque, rappelons-le, qui n’existe pas encore La souscription engendre 18,5 millions de dinars de fonds privés provenant de 225 000 actionnaires. Jusque-là, l’État ne décaisse pas un centime. Le 22 décembre 1997, a eu lieu l’assemblée générale constitutive de la banque et le 29 décembre le président de la République promulgue la loi 87 dans laquelle il autorise le ministre des finances à injecter 6 millions de dinars dans le capital de la banque ; 5.5 millions de dinars seront injectés en plus par des participations d’entreprises publiques ce qui fait que le capital de la BTS était, à la fin de l’exercice comptable 1997, de 30 millions de dinars, dont 18,5 MD, représentant 62 % du capital, sont détenus par des actionnaires privés et 11,5 millions de dinars, représentant 38 % du capital, détenus par l’État.
L’État est, de ce fait, minoritaire dans le capital et la fameuse banque de solidarité n’est, dès le départ, qu’une société anonyme détenue par des actionnaires privés à hauteur de 62 %. Elle est donc inévitablement à but lucratif. La couleur est annoncée dès le début. 28 mois après, l’État se trouvant en position minoritaire dans le capital et n’appréciant pas cette position de faiblesse, réinjecte 10 millions de dinars dans le capital de la BTS par le biais de la loi 45 de l’année 2000 où il autorise le ministre des Finances à élargir la participation de l’État. Le capital de la BTS grimpe, à partir d’avril 2000 à 40 millions de dinars, dont 46%, désormais, sont détenus par le secteur privé et 54 % par l’État.
Politique générale d’intervention
Moncef Chtourou