« Ceux qui se sont assemblés pour former une société civile, ont dès là commencé une démocratie; car, en ce qu’ils se sont assemblés de leur bon gré, c’est qu’ils se sont obligés à consentir à ce qui sera résolu par le plus grand nombre. »
Thomas Hobbes
Philosophe anglais

Par Moncef Kammoun*
Sfax a vu l’implantation d’une usine extrêmement polluante en 1952, la « SIAPE » à quatre km du centre de la ville, dix ans ans après le Président Bourguiba, conseillé par ses proches « Sfaxiens » a fait installer une autre usine aussi polluante la NPK qui a été implantée au bord de la mer de l’autre côté de la ville comme si c’était pour mieux polluer Sfax et la mer, d’ailleurs depuis cet instant Sfax devint l’unique ville côtière au monde qui tournait son dos à la mer.
Depuis les années 70, Sfax a perdu ses plages, toutes ses plages elles ont disparu une à une entre 1965 et 1975 et ceci en raison de l’implantation de cette nouvelle usine de traitement des phosphates la NPK.
Avec ces deux usines de traitement de phosphate la ville devient extrêmement polluée et ceci aussi bien au niveau de l’air que de la mer.
Crimes contre les plages de Sfax
Les anciennes plages de Sfax, particulièrement celles qui ont fait le bonheur des sfaxiens entre le début du XXe siècle et le milieu des années 1970 sont :
• La plage de la poudrière
• L’école de natation
• La plage Wiriot
• Le Casino Municipal
• La plage Farhat Hached
Imaginez une seconde que toutes ces plages n’ont plus d’existence depuis 60 ans elles sont disparues une à une entre 1965 et 1975 !!
En plus La qualité de la vie à Sfax et l’état des infrastructures et des équipements publics sont en plus dans un état désastreux et indignes de la seconde ville du pays,alors les habitants de cette ville la quittent de plus en plus à la recherche d’une qualité de vie meilleure sachant pertinemment que rien ne va changer.
Grand défi
Un centre de développement de la société civile a été fondé en 2012 à Sfax, qui consiste à créer un noyau visant l’amélioration des capacités de la société civile déjà existante, ceci dans le but de créer un développement des potentiels et des échanges d’expériences entre les différentes sociétés civiles.
Sfax voit alors la création d’une plateforme unique qui regroupe l’ensemble des associations à caractère non gouvernementales et à but non lucratif qui agissent comme groupes de pression pour influencer les politiques
Une résistance groupale comparable à une toile d’araignée qui s’agrandit de jour en jour malgré tous les défis. Des liens horizontaux compensent la disparition des liens verticaux et le jeu est joué.
C’est magnifique de voir un collectif qui s’élargit à plusieurs associations et organisations professionnelles, agissant tous en collaboration et ce pour essentiellement fermer à vie l’usine de la SIAPE et celle de la NPK responsables de la détérioration de l’air, de la mer et de la vie à Sfax.
Ce concept s’avère tout à fait efficace pour lutter contre le laxisme des autorités.
Défi gagné
Ce bouquet de sociétés civiles est venu bel et bien à faire renaître les plages des cendres et transmettre la joie et le bonheur chez les habitants de Sfax, c’est un travail colossal.
Ils sont arrivés vraiment au sauvetage d’un peuple en désarroi, d’un peuple en détresse avec le projet le projet de l’agrandissement du port situé en plein centre ville.
Les plages ont depuis repris leur place d’antan auprès des habitants et estivants qui les fréquentent pour des promenades et pour la baignade.
Sfax a retrouvé son littoral ou plutôt les anciennes plages de la ville, ces endroits qui sont extrêmement riches de bons souvenirs, de tous les souvenirs, ils ont fait le bonheur des Sfaxiens jusqu’au milieu des années 70.C’était tout simplement la mémoire de la ville de Sfax.
Un exemple à suivre
Il est grand temps de repenser notre modèle de gouvernance et de développement régional avec comme objectif une vraie autonomie, une solidarité et une complémentarité de toutes les régions de la Tunisie. De la même manière que la vie politique d’un pays, la vie de ses institutions étatiques mais se construit aussi à partir d’autres formes d’organisations collectives, celle de la société civile. Le pouvoir en place se prend donc pour l’opposition.
*M.K Architecte