30
Le batteur britannique du groupe mythique est mort à 80 ans. Avec Mick Jagger et Keith Richards il faisait partie des piliers de la formation encore active.
Charlie Watts a été pendant plus d’un demi-siècle l’imperturbable métronome des Rolling Stones. Celui qui s’est (presque) toujours tenu à l’écart des folies de ses compères est mort à 80 ans ce mardi 24 août à Londres, a fait savoir son agent. Le groupe a aussitôt fait part, via son compte officiel Twitter, de «son immense tristesse», rendant hommage à «l’un des plus grands batteurs de sa génération».
Sa santé inquiétait depuis le début du mois d’août. Son porte-parole avait indiqué le 5 août que sa présence lors de la tournée américaine des Rolling Stones, prévue à l’automne, était menacée pour raisons médicales. «A quelques semaines des répétitions, c’est décevant, c’est le moins qu’on puisse dire, mais il faut dire que c’est quelque chose que personne n’a vu venir», avait alors déploré son porte-parole. «On a vraiment hâte de retrouver de nouveau Charlie dès qu’il aura complètement récupéré», avait de son côté tweeté Mick Jagger.
Né le 2 juin 1941 à Londres, Charlie Watts vient à la musique par le jazz. C’est son voisin Dave Green qui l’initie à 13 ans. Ils formeront trente ans plus tard le quartette The A, B, C & D of Boogie-Woogie. Il était membre des Rolling Stones depuis 1963. Avec le leader Mick Jagger et le guitariste Keith Richards, Charlie Watts faisait partie des plus anciens membres du célèbre groupe de rock, qui a vu défiler Mick Taylor, Ronnie Wood ou encore Bill Wyman.
Avec son visage impassible et son talent unanimement reconnu en matière de rythmique binaire, il offrait sur scène le parfait contrepoint aux déhanchements frénétiques de Mick Jagger et aux pitreries électriques des guitaristes Keith Richards et Ronnie Wood. Dans son autobiographie Life, best-seller publié en 2010, Keith Richards risquait cette métaphore pour expliquer combien son compère a «toujours été le lit sur lequel m’allonger musicalement». «Autant que la voix de Mick et la guitare de Keith, le son de caisse claire de Charlie Watts est les Rolling Stones» avait tranché le boss Bruce Springsteen dans la préface de The Big Beat, le livre du batteur Max Weinberg, sorti en 1991.
Et pendant que ses amis multipliaient «les divorces, les addictions, les arrestations et les folles engueulades», selon un inventaire dressé par le Mirror, Charlie Watts, le taiseux, menait une vie sereine au côté de sa femme depuis cinquante ans et leur fille, dans leur haras pour pur-sang arabes du Devon, en Angleterre.
Le musicien n’a toutefois pas été totalement imperméable aux dépendances du groupe : dans les années 80, il suivit une cure de désintoxication pour sa consommation d’héroïne et d’alcool. Mais assura dans la foulée avoir totalement décroché. «Cela a été très court pour moi. J’ai juste arrêté, c’était pas quelque chose pour moi», expliquait alors ce musicien taciturne qui avait survécu à un cancer de la gorge en 2004.
(Libération)