Le musicien et musicologue Salah El-Mehdi, alias Ziriab, l’un des piliers de la musique tunisienne contemporaine, s’éteignait le vendredi 12 septembre 2014 à 89 ans. C’était le musicien par excellence : il était fin joueur de nay, la flûte arabe, compositeur, chef d’orchestre et musicologue. Salah El-Mehdi compte plus de 600 compositions de tous genres : chants classique, populaire, oriental et occidental. C’est lui qui a notamment composé l’hymne national tunisien.
Salah El-Mehdi est à l’origine du nom de scène de la chanteuse Oulaya, qu’il aura remarquée dès les premiers cours à la Rachidia et propulsée dans la scène musicale nationale.
Il a été également membre de plusieurs organisations internationales, notamment le Comité exécutif de l’Organisation islamique de l’histoire, de la culture et des arts et du Haut-comité de la civilisation islamique (dont les sièges sont à Istanbul en Turquie), ainsi que le Comité exécutif du Conseil international de la musique rattaché à l’Unesco. En 1981, Salah El-Mehdi a obtenu un doctorat d’État en musicologie et un doctorat es- lettres.
Ce célèbre musicologue et musicien, fut longtemps chef de service « Musique et arts populaires » au ministère de la Culture, dès l’indépendance, il avait marqué de ses empreintes la musique tunisienne. Salah El Mehdi, surnommé Zeryab, était arrivé à la musique par le haut, de par ses études universitaires et son statut de magistrat. Mais aussi de par sa grande passion pour le malouf et son érudition. Son talent de compositeur et de chef d’orchestre feront sa large notoriété en Tunisie et à l’étranger. On lui devait en tout de nombreuses compositions entre musique andalouse, chants patriotiques, et symphonies, musique de chambre, musique populaire etc. Découvreur de talents, il avait accompagné les premiers pas dans la chanson de Oulaya, Naama, Soulef. La scène musicale et culturelle tunisienne perdait l’une de ses plus grandes figures, qui a laissé néanmoins un immense répertoire musical.
Un spectacle hommage au théâtre municipal
Le spectacle baptisé «chant de fidélité» était un hommage au grand virtuose de la musique tunisienne Salah El Mehdi, connu sous le nom de «Zeryab de Tunisie» (1925-2014).
Un public nombreux, composé de mélomanes d’un certain âge, dont plusieurs étaient accompagnés d’enfants, venus écouter une musique puisée dans un répertoire artistique centenaire, chanté par de jeunes voix fraîches et joyeuses.
L’événement n’a pas manqué de retenir l’attention de la classe politique, dont Mourad Sakli, ministre de la Culture et ancien président de la Rachidia, Kamel Ben Naceur, ministre de l’Industrie et Neyla Chaabane, Secrétaire d’État chargée de la femme.
Tel un chapelet de chants et musiques, le programme de la soirée fut composé d’œuvres de feu Salah El Mahdi, puisés dans son héritage musical foisonnant. Les jeunes chanteurs se sont relayés sur les planches du théâtre municipal de Tunis, aux couleurs des klims, margoums et autres tapisseries de création purement tunisienne, pour chanter la joie de vivre, les chagrins d’amour et les amourettes. En extase et totalement détaché des brouhahas de fin de campagne électorale qui s’élevaient de l’avenue Habib Bourguiba, le public accompagnait volontairement, en chœur, les chanteurs qui entonnaient des rythmes célèbres telle «Ellil Ah Ya Lil» ou encore «Fi Ayneeha», interprétées par la jeune cantatrice
«Ya Liaty», une des œuvres du grand Ali Riahi était interprétée avec élégance par le jeune Mohamed Ali Chbil, dont la pureté et la fraîcheur de la voix ont été largement appréciées et applaudies par le public.
Nabiha Karouli, en costume traditionnel aux couleurs rouge et blanc de la Tunisie, a égayé le spectacle en donnant son timbre particulier dans un dialecte du terroir, chantant «Mahlaha kahlet Lanthar» et «Itha Tghib Alaya ya Walfiti».
Le public a été aussi émerveillé par l’oeuvre de Hedi Kallel «Ya Dar El Habayeb» interprétée par Sofiene Zaidi, qui s’adressant au public lance un appel «à la chère Tunisie». «Avec ces œuvres, on revient de loin et on retrouve notre tunisianité «, témoigne avec ferveur une jeune spectatrice. La politique, n’est jamais, quoi qu’on en dise jamais très loin.
Farouk Bahri