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Un grand meeting électoral de Donald Trump est programmé le 9 octobre dans l’Iowa. Tout un symbole. Situé dans le nord du pays, entre les fleuves Missouri et Mississippi, c’est traditionnellement le premier Etat qui vote lors des primaires, avant la présidentielle. Et tout prétendant au bureau ovale se doit d’y faire de multiples apparitions. L’ancien président n’est pas encore candidat, mais il laisse entendre qu’il compte bien se réapproprier la Maison-Blanche qu’on lui a, dit-il, injustement volée.
Le fait d’avoir l’air de se positionner pour 2024 a des avantages. Il permet à Trump de monopoliser l’attention, de continuer à baigner dans l’adoration des foules, de lever des millions de dollars. Et, au passage, d’empoisonner ses éventuels rivaux républicains. Car même si Donald Trump a perdu les élections l’année dernière et s’il est banni de Twitter, il conserve, à 75 ans, et grâce à son immense popularité, la mainmise sur le Parti républicain.
D’ordinaire, les ex-présidents se font discrets et se consacrent à l’écriture de leurs Mémoires, comme Barack Obama, ou à la peinture à l’huile, comme George Bush. Donald Trump, lui, entre deux parcours de golf, s’active frénétiquement. Il tient des meetings, multiplie les appels de fonds par textos et courriels à ses partisans, commente toutes les décisions de son successeur.
Surtout, il met en place une machine politique financée grâce aux 102 millions de dollars qu’il a engrangés ces six derniers mois. Il a déjà recruté deux stratèges dans l’Iowa. Mais sa priorité à court terme est revancharde : il cherche à déboulonner aux élections de mi-mandat l’année prochaine les quelques républicains sortants qui ont voté son impeachment au Congrès après l’insurrection de ses partisans, le 6 janvier. Il a donc apporté son soutien à plusieurs de leurs adversaires. Déjà, il a eu la peau d’Anthony Gonzalez, un représentant de l’Ohio qui a préféré ne pas se représenter plutôt que de subir « la dynamique toxique » au sein du parti. Dans une interview au New York Times, il estime que Trump est « un cancer pour notre pays ».
Encore plus inédit pour un ancien président, il s’implique dans les scrutins locaux. Il soutient par exemple trois candidats à un poste de secrétaire d’Etat – en charge du fonctionnement des élections – en Arizona, Géorgie et Michigan, trois Etats où Donald Trump s’est battu (sans succès) pour inverser le résultat du scrutin. « Si son soutien ne garantit pas 100% de réussite, il reste un atout précieux dans une primaire », estime Amy Walter, spécialiste électorale de la lettre d’information The Cook Political Report.
* »Il y a entre 99% et 100% de chances qu’il se représente »
Donald Trump va-t-il réellement se représenter en 2024, alors qu’il aura 78 ans ? Jason Miller, un ex-membre de son équipe de campagne, déclare au site Cheddar qu’il y a « entre 99 et 100 % » de chances qu’il se représente. Lorsqu’on lui pose la question, l’intéressé répond que les gens « seront contents » de sa décision. Mais Trump devra faire face à une série de poursuites judiciaires liées à ses agissements financiers ou à sa tentative de faire basculer en sa faveur les résultats des élections en Géorgie… Récemment, les procureurs de New York ont mis en examen le directeur financier de la Trump Organization et le groupe pour fraude fiscale.
En attendant, il bloque les velléités présidentielles de ses concurrents Mike Pence, l’ex-vice-président, Mike Pompeo, son ancien ministre des Affaires étrangères et Ron De Santis, le gouverneur de Floride. Ils ne veulent pas, en annonçant trop tôt leur candidature, s’attirer ses foudres et risquer de s’aliéner sa base, très puissante. L’implication de Trump dans les midterms ne fait cependant pas l’unanimité chez les républicains. Ils craignent qu’il ne soutienne des candidats extrémistes qui se feront laminer par les démocrates.
De leur côté, ces derniers se réjouissent du retour de l’ex-président. Ils espèrent transformer les midterms de 2022 en un référendum anti-Trump et faire ainsi oublier le fiasco de Joe Biden en Afghanistan et sa baisse de popularité. « Le trumpisme reste l’un des meilleurs outils de mobilisation des électeurs et de collecte de fonds dans l’arsenal démocrate », juge Amy Walter.
(L’Express)