La communication du président de la République, Kaïs Saïed, laisse à désirer à bien des égards. Ce jeudi 28 octobre 2021, c’était la bavure de trop pour son équipe de communication. Dans un communiqué relatif au Conseil des Ministres, on peut lire une phrase qui a beaucoup fait réagir : « […] les citoyens honnêtes sont appelés à purifier le pays de tous ceux qui ont exploité les ressources de l’État et du peuple ».
C’est comme si le président de la République appelait à « une purge ». Même s’il s’exprimait au sens figuré, il ne pouvait, compte tenu de la délicatesse de sa fonction et de la conjoncture, se permettre de commettre cette énième bavure de communication. Son équipe semble être, une fois encore, aux abonnés absents.
Sur la toile, les propos du communiqué présidentiel ont été dénoncés de parts et d’autres. Plusieurs commentateurs ont crié au scandale, affirmant que de tels termes pourraient inciter à la division.
Nul doute que le combat contre la corruption et contre les islamistes corrompus, initié depuis le 25 juillet 2021, doit se poursuivre. Néanmoins, le président de la République et son équipe doivent comprendre qu’ils ne sont pas seuls et qu’il faut soigner les sorties médiatiques pour qu’elles rassemblent. Le Chef de l’État doit aussi prendre en compte les enjeux économiques, financiers et sociaux (loi de finance 2022, engagements vis-à-vis des bailleurs de fonds, des institutions internationales…).
Ce ne sont pas les beaux discours, risquant parfois de diviser, qui vont calmer la faim et panser les blessures des Tunisiens et de la Tunisie. A moins que le président ne cache encore son jeu… Mais il doit éviter de faire durer le suspense. Il doit aussi soigner ses sorties médiatiques et se pencher sur les véritables soucis du peuple. Il a eu une audace qu’aucun autre président n’a eu après 2011 : combattre le système nahdhaoui corrompu. Seulement, il doit garder les pieds sur terre et agir efficacement.
F. K