Des médecins spécialisés dans le traitement des maladies cardiovasculaires, des troubles mentaux et sexuels et des addictions ont débattu lors d’une table ronde organisée, jeudi 31 mars 2022, par la plateforme médicale www.med.tn sur les méfaits du tabagisme et des solutions envisageables pour surmonter la dépendance à la nicotine.
Selon les experts, l’addiction à la cigarette est une dépendance biologique et comportementale, car elle contribue à modifier les récepteurs neuronaux présents dans le cerveau du fumeur et contribue à l’augmentation des niveaux d’hormones qui provoquent le plaisir et la concentration, de sorte que le fumeur en devient dépendant.Lorsqu’une personne fume une cigarette, la nicotine est absorbée par ses poumons, circule dans son sang et se rend jusqu’à son cerveau en moins de 10 secondes. La nicotine stimule le cerveau en provoquant la libération d’endorphines, des substances qui créent un sentiment de bien-être.
Le Docteur Dhaker Lahidheb, Cardiologue. Ancien Professeur à la faculté de Médecine de Tunis et à l’Hôpital Militaire, a déclaré, qu’environ 60% des personnes exposées à des AVC sont dépendantes à la cigarette. Il a souligné que cesser de fumer est la meilleure chose que les fumeurs puissent faire pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires et de cancers, notant que ces maladies mortelles associées au tabagisme sont devenues les premières maladies les plus répandues dans le monde. Il ajouté qu’en Tunisie,80 % des dépenses de soins médicaux sont consacrées au traitement des maladies cardiaques et cancers causés principalement par le tabagisme.Un adulte sur 3 est dépendant à la cigarette, tandis que les 3/4 des personnes qui ont eu un AVC sont classées comme fumeurs.
Docteur Lahidheb estime que la dépendance à la cigarette peut être réduite grâce à la sensibilisation pour changer les comportements addictifs et la mise en application des lois et législations promulguées mais non appliquées sur le terrain pour empêcher de fumer dans les lieux publics.
Pour sa part, Docteur Yosra Jemli, psychothérapeute, sexologue et addictologue, a mis en garde contre les graves effets de la dépendance tabagique sur la santé, car elle entraîne des risques de maladies respiratoires, de cancer du poumon et de la vessie et de maladies cardiaques.Elle a déclaré que les statistiques du ministère de la Santé Tunisien indiquent qu’il y a environ deux millions de fumeurs âgés de 10 à 70 ans, soulignant qu’environ 70 % des adolescents fument, ce qui les rend vulnérables à fumer du cannabis plus tard.
Elle a déclaré que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a révélé des chiffres alarmants dans le monde sur les décès causés par le tabagisme, indiquant qu’environ 8 millions de personnes meurent chaque année des suites du tabagisme, tandis qu’environ 1.2 Millions de personnes meurent chaque année des suites du tabagisme passif.
En ce qui concerne les solutions possibles pour arrêter de fumer, elle a déclaré qu’un fumeur peut surmonter sa dépendance grâce à une thérapie, qui repose principalement sur des substituts nicotiniques de diverses sortes pour l’aider à se débarrasser et à compenser progressivement la nicotine dans le corps. Les patchs n’étant pas disponibles actuellement en Tunisie, la cigarette électronique et le tabac chauffé, dont la nocivité est inférieure de 95% à la cigarette, peuvent être éventuellement un moyen de sevrage. Elle a également évoqué la possibilité de traiter la dépendance par la thérapie cognitivo-comportementale, qui offre des alternatives aux comportements addictifs et permet à l’individu de changer son mode de vie et d’arrêter la cigarette.
Il est à noter que le lancement commercial du tabac chauffé en 2014 au Japon, a conduit à une diminution substantielle des ventes de cigarette mais aussi à une diminution des maladies liées au tabac et aux dépenses de soins publics. Le déclin du tabagisme est passé à 13 % en 2017, 12 % en 2018 et 9 % en 2019. Au royaume Uni, selon un rapport Eurobaromètre publié en février 2021, la prévalence du tabagisme au Royaume-Uni est tombée à 12 % en 2020, soit une baisse de 5 % depuis 2017 suite à l’introduction de la cigarette électronique en tant que moyen de sevrage tabagique.