Son nom a été souvent cité comme futur ministre de l’Intérieur, les tractations engagées au sein de Nidaa Tounes l’ont propulsé, par on ne sait quel artifice, premier chef du gouvernement de la deuxième République. Sa nomination a pris au dépourvu de nombreux observateurs, provoqué quelques commentaires, parfois acides, sans susciter un rejet catégorique de la classe politique tunisienne ni de la société civile.
Habib Essid, le nouveau chef du gouvernement n’aura pas les coudées franches et ne bénéficiera d’aucune trêve. Il sera constamment sous la loupe des partis aussi bien alliés à Nidaa Tounes que les autres formations de l’opposition. Dans tous les cas de figure, Il sera jugé sur ses actes, sur la qualité du programme gouvernemental qu’il présentera et sur les réformes que son gouvernement aura à initier.
Si Nidaa Tounes justifie le choix de Habib Essid comme étant une personnalité indépendante, un grand commis de l’État et un homme qui a de la compétence et de l’expérience, ce parti fait montre, en même temps, d’une grande habileté politique en envoyant des messages rassurants à ses adversaires. Le mouvement Ennahdha a pris acte et a vite fait d’exprimer sa satisfaction de « ce choix judicieux ».
Même si son nom avait été avancé, fin 2012, pour diriger le gouvernement des technocrates par des formations politiques disparates, dont le Front populaire, son choix officiel le lundi 5 janvier 2015 par Nidaa Tounes n’a pas fait que des heureux. Une décision qui a suscité appréhensions et circonspection. A commencer par Afek Tounes, allié naturel du Nidaa, et, surtout, du Front populaire qui est allé jusqu’à douter des compétences de M. Essid, dépourvu, à leurs yeux, de toute expérience politique.
Malgré ce brin de scepticisme, Essid, 65 ans, natif de Sousse a derrière lui une longue expérience, autant dans les rouages de l’État qu’au sein d’organisations internationales, qui peut lui être d’un grand secours dans l’accomplissement de sa délicate mission. Il a été le ministre de l’Intérieur du gouvernement Essebsi, après la Révolution du 14 janvier 2011, puis le conseiller en affaires sécuritaires auprès du chef du gouvernement Hamadi Jebali. Auparavant, il avait assumé les fonctions de chef de cabinet du ministre de l’Intérieur, ainsi que de Secrétaire d’État à la pêche, à l’environnement et, enfin, de directeur exécutif du conseil oléicole international à Madrid.
Ce riche palmarès peut-il être suffisant pour lui permettre de constituer et présenter dans moins d’un mois son équipe, qui doit obtenir la confiance de l’Assemblée ? Même s’il affiche une assurance mesurée en promettant d’engager immédiatement de larges consultations pour former rapidement son équipe, de nombreuses questions lancinantes continuent à se poser.
La première chose consiste à préciser ses alliances, définir un programme qui suscite un consensus et trouver une architecture gouvernementale cohérente.
Il s’agit, en somme, de trouver la formule miracle de gouvernance pour l’étape à venir et de susciter la plus large adhésion des formations politiques à un programme gouvernemental objet de grandes attentes. La tâche est, certes, ardue mais pas impossible.
N.O