Par Sami Mahbouli
Conformément à ses prérogatives constitutionnelles, le Président Caïd Essebsi a désigné le prochain Chef du gouvernement, M.Habib Essid. Les spécialistes du turf politique ont quelque peu été pris de court car rares sont ceux qui plaçaient celui-ci si haut dans la hiérarchie gouvernementale. Fort d’une carrière administrative de 40 ans et ayant exercé diverses responsabilités politiques, l’homme paraît solide et volontaire ; le fait de jouir de la confiance du président de la République est un atout supplémentaire à l’heure où l’harmonie au niveau de l’Exécutif est impérative. On lui prête, en outre, une grande connaissance des questions de sécurité, ce qui, convenons-en, n’est pas à dédaigner par les temps qui courent. Je suis convaincu que le Président a pesé au trébuchet sa décision et a accordé à la concertation l’espace nécessaire. Comme il est difficile de contenter tout le monde, on mettra les critiques acerbes de certains sur le compte d’une perception exagérée de leur poids politique et d’un amour-propre par trop chatouilleux. S’il fallait réunir l’unanimité sur un nom, une année de tractations ne suffirait pas avec le risque de plonger le pays dans l’attentisme. Veut-on singer les Libanais qui mettent de longs mois voire des années avant de s’accorder sur un président ou un Chef du gouvernement ? N’a-t-on pas compris que les Tunisiens sont las des marchandages politiciens et des déclarations grandiloquentes ? Tant que M. Habib Essid se senet de taille d’assumer la lourde tâche qui lui a été confiée, il ne reste qu’à lui souhaiter bonne chance, et si possible, l’aider afin qu’il puisse sortir le pays de l’ornière.
Les chiens qui égorgent nos soldats et nos policiers rôdent toujours. On a beau les traquer et les éliminer, ces charognards sont encore assoiffés du sang et de la chair de nos martyrs. Il y a un moment où l’horreur des crimes commis n’autorise plus la moindre once de clémence : ceux qui confondent nos forces de l’ordre avec des moutons méritent la peine de mort. Aucune grâce, fût-elle présidentielle, ne saurait être accordée à ces bêtes immondes. A mes yeux, les violeurs d’enfants et les égorgeurs de soldats ont vocation, après le procès d’usage, à finir sur une potence et tant pis si les belles âmes y trouvent à redire. Maintenir durant des décennies, aux frais des contribuables, ces monstres derrière les barreaux est une dépense inutile et n’aidera pas à alléger la surpopulation carcérale. A horreur maximale, peine maximale est un axiome que la justice tunisienne doit appliquer sans états d’âme et sans trembler si l’on veut que les adeptes casino pa natet du couteau effilé réfléchissent à deux fois avant d’assouvir leur instinct meurtrier.
La justice transitionnelle démarre mal : les camions de déménagements à l’assaut des archives de Carthage ne sont pas de nature à nous rassurer sur la pureté des intentions de l’Instance de la vérité et de la dignité. En son temps, lors de la promulgation du texte – ô combien discutable – sur la justice transitionnelle, j’avais attiré l’attention sur les dangers de telle instance inquisitoriale et sur les dérives d’un déballage de notre linge sale national. J’étais, à l’époque, à mille lieues de penser que les méthodes de l’Instance tiendraient de l’abordage en haute mer et du Rezzou. En stoppant cette mascarade sans nom, la sécurité présidentielle s’est honorée et a montré que Carthage n’est pas une auberge espagnole où l’on peut rentrer les bras chargés de cartons.
Avec regret, j’ai décidé de cesser-provisoirement- de rédiger mon bloc-notes. Initialement, mon souhait était de réagir sur les événements de la transition politique ; c’est chose faite puisque j’ai consacré 145 chroniques à ce tournant historique majeur.
Je continuerai, aussi souvent que possible, à publier des articles dans la présente revue et qui sait, un jour, je reprendrai la rédaction de mon bloc-notes. A ceux qui me font l’honneur de me lire depuis des années, j’adresse mes remerciements les plus chaleureux. Je leur annonce que je publierai dans quelques semaines un livre réunissant tous mes billets parus dans “Réalités” depuis le 14 janvier 2011.
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