Dimanche 11 janvier 2015 à Paris. Une journée pas comme les autres. Une journée placée sous le signe de l’émotion et de la communion, en hommage aux victimes des actes criminels perpétrés ces derniers jours. Une marche a été organisée de la place de la République jusqu’à Nation, avec au premier rang les familles des victimes, puis les représentants politiques français et d’autres pays et enfin, des milliers de citoyens français ou étrangers, qui sont venus manifester leur soutien.
Je suis Charlie
Cette marche s’est déroulée dans le calme, sans aucun incident. Aucun débordement majeur n’a été signalé. Des hommes, des femmes et des enfants ont afflué de toutes les artères parisiennes. Les RER et les métros ont été bondés. Les autorités et les services de sécurité mis en place ont permis d’assurer le bon déroulement de ce rassemblement.
« Je suis Charlie ». C’est ce qu’on pouvait lire sur les nombreuses pancartes qui ont été brandies ce dimanche 11 Janvier. Elles ont été soulevées au nom de la liberté d’expression. L’assassinat des caricaturistes de Charlie Hebdo, comme Charb et Cabu , par les frères Kaouachi, ont révélé que la liberté d’expression était en péril et qu’on pouvait mourir pour ses idées. « Je suis Charlie », slogan qui a été très souvent scandé par les manifestants, suivi par des salves d’applaudissements, est alors un moyen d’affirmer son droit de s’exprimer librement et de consolider cet acquis durement conquis par les Français.
Une marche universelle
Des manifestants de toutes les nationalités ont participé également à cette manifestation, qui se veut internationale. De nombreux drapeaux, levés fièrement, à la Place de la République, ont claqué dans le vent. Celui de la Tunisie en faisait partie. En effet, des tunisiens ou des français d’origine tunisienne ont apporté leur soutien à la France, en partageant sa douleur d’avoir perdu des hommes et des femmes qui servaient chacun à sa manière le pays. Par exemple, une jeune tunisienne, d’origine française, réagit à ces derniers événements : « Mes parents sont tunisiens. Mais je suis née en France. Je suis française. On ne peut qu’être sensibles et profondément touchés par les atrocités qui ont été commises. Je suis dévastée par ce qui vient de se passer ces derniers jours. » . A cela, elle ajoute que « l’image des musulmans et de l’islam en France est encore une fois écornée par ces djihadistes , ces fous de Dieu ». Par ailleurs, une autre jeune tunisienne, vivant à Paris depuis peu, affirme, un crayon à la main, que « ces crimes n’ont pas anéanti que les français, mais aussi toute l’humanité. » . Elle joint à ces propos : « Je participe à ce rassemblement, parce que je me sens concernée. Parce que tuer un homme qui a des idées à l’encontre des siennes est un crime contre l’humanité. Parce que j’ai participé à la révolution du 14 janvier 2011 pour faire tomber la dictature du silence et je réprouve ardemment les criminels de tous genres qui voudraient nous faire taire. Je suis donc là pour faire entendre ma voix. Je suis musulmane. Je suis tunisienne. Je suis Charlie. ». Ces propos recueillis sont la preuve, que les tunisiens, qui ont vécu il y a peu la révolution, sont encore plus sensibles aux atteintes de ce droit inaliénable qu’est la liberté d’expression.
Pour finir sur un message de paix, « Ma religion est celle de l’amour » est une autre citation qu’on pouvait lire sur une des pancartes. Les manifestants pouvaient ainsi lire une citation d’Ibn Arabi, penseur soufie, qui se rapproche du message d’amour de Jésus- Christ : « Aimez vous les uns les autres ».Une autre preuve que cette marche se veut universelle et que l’humanité converge vers les mêmes idéaux : la véritable religion est celle qui permet d’entretenir un lien fraternel entre les Hommes, et non pas celle qui conduit à la haine et au meurtre.
Kaouthar Mellouli