Nul doute que Mustapha Kamel Nabli bénéficie d’une évidente sympathie auprès de nombreux Tunisiens, surtout depuis son inélégante éviction de la direction de la Banque Centrale par un Président provisoire décidé à « avoir sa tête ». Face à l’amateurisme gouvernemental affiché alors par la Troïka au pouvoir, M. K. Nabli offrait la posture du technocrate aguerri par une expérience acquise et reconnue à l’échelle internationale. Aujourd’hui, M. Nabli, qui dit n’avoir jamais été partisan, veut que l’image du technocrate s’éclipse face à celle du politique indépendant. Entretien
Quand est-ce que vous avez pris la décision de vous présenter à la présidentielle ?
Ma candidature n’a pas été mûrie pendant des années, la preuve, c’est que si tel avait été le cas, nous aurions été mieux préparés. La vraie réflexion à ce sujet a commencé vers le mois de juin dernier, à partir du moment où j’ai constaté que le paysage politique tunisien était de plus en plus fragmenté alors que l’on s’attendait à ce qu’il soit mieux structuré.
Cette constatation m’a amené à penser que les prochaines élections législatives vont donner lieu à un Parlement qui sera lui aussi fragmenté, sans force politique structurée épaulée par une vraie majorité. C’est un scénario qui favorise évidemment une grande instabilité au niveau politique et parlementaire. Or, nous avons grand besoin de stabilité politique. Et la seule institution susceptible de garantir un minimum de stabilité politique est la présidence de la République, parce que le président est nommé après une élection directe par le peuple. Il est vrai qu’en observant le paysage politique et en me demandant si une personnalité pouvait garantir la stabilité dont le pays a besoin, je me suis retrouvé dans la perplexité. Je n’étais convaincu par personne. Et c’est de là qu’est venue l’idée, après plusieurs discussions avec des personnalités politiques et autres, que, peut-être, il serait intéressant que je me présente, que j’avais les caractéristiques requises pour assurer une certaine stabilité.
J’ai donc engagé des discussions et des contacts au mois de juillet, et j’ai pris ma décision vers le mois d’août.
Vous vous souvenez qu’au début je parlais de «possible candidature», car je n’étais pas encore sûr de vouloir m’engager, mais au fur et à mesure que j’y réfléchissais et que j’en parlais autour de moi, ma conviction devenait plus forte au point où je m’étais dit qu’il ne fallait plus reculer. J’ai acquis la certitude que pour garantir la stabilité nécessaire, il faut un candidat qui n’est pas partisan. Je suis convaincu qu’un président indépendant est plus approprié à la phase actuelle que traverse le pays. Pourquoi ? Parce que si nous avons un président qui est du même parti que celui qui est majoritaire au Parlement, nous aurons un système hégémonique au niveau des structures de l’État. Et si nous avons un président qui n’appartient pas au parti majoritaire au Parlement, alors nous aurons une cohabitation problématique et inadaptée à la situation présente.
La seule formule que j’estime souhaitable c’est d’avoir un Parlement avec des partis, des coalitions, etc., et un président indépendant.
Vous avez rencontré Béji Caïd Essebsi avant d’annoncer votre candidature, que vous êtes-vous dit en fin de compte ? Etait-il favorable à votre candidature ?
La rencontre n’avait pas pour but l’obtention d’un éventuel feu vert ou autre. C’était une rencontre pour discuter, échanger les points de vue. J’ai expliqué mes motivations, ce qui fait que je crois que ma candidature a une signification… aucun accord n’a été passé au cours de cette discussion.
Le fait d’avoir été «remercié» de la Banque centrale de Tunisie, dans les circonstances que l’on connait, n’a-t-il pas pesé sur votre décision de vous porter candidat ?
Non, ce n’est pas une simple réaction d’amour-propre froissé, ma candidature répond à quelque chose de plus fondamental.
Ce qui s’est passé à la Banque centrale à l’époque et la façon dont j’ai été limogé de mes fonctions de gouverneur m’a alerté sur quelque chose de plus fondamental. À savoir que l’État tunisien était en danger. Parce que la façon dont se sont déroulés les évènements touchait à la façon dont l’État tunisien devait fonctionner. Et l’État tunisien se doit de fonctionner selon les règles de la loi et dans le respect des institutions et ce que j’ai vu, c’est que l’on a bafoué et les institutions et la loi. C’est cela qui m’a alerté sur le danger, mais pas seulement. On a vu ce qui s’est passé au niveau des autres institutions de l’État, de l’administration, de la justice, de l’armée, du système de sécurité… Ces structures de l’État ont été mises à mal pendant les dernières années, c’est un fait. Et ce danger n’a malheureusement fait que de se confirmer au cours des trois dernières années. Ma candidature est donc une réponse à ce risque, à ce danger qu’affronte l’État tunisien aujourd’hui.
En fait, l’un des aspects de mon programme et de ma candidature consiste à remettre l’État dans son rôle et dans ses fonctions.
Je vois comme un paradoxe dans votre raisonnement. Vous dîtes que la fragmentation du paysage politique a motivé votre candidature, mais, en vous portant candidat, n’aggravez-vous pas davantage cette fragmentation ? Pourquoi n’avez-vous pas intégré un parti politique qui, de plus, vous aurait permis de jouer un rôle en vous appuyant sur une «machine». Cela n’aurait pas été beaucoup plus utile et plus facile ?
Je ne vois pas du tout de contradiction dans ce que vous évoquez. La fragmentation dont je parle a lieu au niveau des élections législatives, au niveau du Parlement. Et je n’interviens, ni n’essaye de fragmenter, en aucune manière la compétition au niveau parlementaire.
Quand je parle de candidat indépendant, c’est au niveau de la présidence. Et les élections présidentielles concernent des personnalités. C’est un individu, un candidat, qui se retrouve face à son peuple, ce ne sont plus des partis.
En fait, dès le départ, vous vous êtes situé en tant que présidentiable et non pas en tant que Premier ministre éventuel. Vous auriez pu vous engager dans un grand parti politique et, peut-être, auriez-vous été beaucoup plus utile, avec beaucoup plus de pouvoir, en tant que Premier ministre…
C’est un argument que j’entends souvent et je le comprends. Mais comprenez bien que pendant toute ma vie, j’ai choisi d’être indépendant. Dès ma jeunesse, j’ai compris que la vie partisane ne me convenait pas tellement et que mon indépendance était très importante à mes yeux. Je n’ai jamais adhéré à un parti, RCD ou autre. C’est une composante de mon histoire et de ma personnalité et ce n’est pas aujourd’hui, pour des considérations opportunistes, que je vais m’associer à un parti dans l’espoir d’obtenir un poste, aussi prestigieux soit-il.
En revanche, je considère qu’une personnalité indépendante peut jouer un rôle positif à la présidence. C’est cela qui m’a amené à réfléchir à la question et à me présenter en tant que tel, parce que je pense que c’est pertinent. Je ne suis pas dans une logique de calcul qui viserait à obtenir le poste qui serait le plus intéressant.
Doit-on comprendre que c’est votre tempérament et votre histoire personnelle qui vous ont poussé à vous porter candidat ?
Non, ce n’est pas ça. Disons que cela tombe bien, tout simplement. C’est-à-dire que le besoin objectif a été défini et mon histoire est ce qu’elle est, donc il me semble qu’elle répond à des conditions objectives.
Cependant vous acceptez le soutien d’une personnalité comme Kamel Eltaïef qui est perçu comme un lobbyiste efficace ayant une influence sur la vie politique en Tunisie. Or, du point de vue de l’opinion, bénéficier du soutien d’un parti ou de celui d’un lobby, ne reviendrait-il à peu près au même en termes d’impact sur votre indépendance ?
Non, non… J’assume mon indépendance. Mais être indépendant ne signifie pas que l’on soit en situation d’isolement. On a des relations avec des partis, on discute avec eux, mais on discute également avec des personnalités, des mouvements de pensée, etc. Indépendant, cela veut dire être capable de travailler avec différentes composantes de la société, qu’elles soient politiques, sociales, économiques, etc. Et donc, je ne suis le candidat de personne hormis de moi-même. Que je sois soutenu par x ou y, rien de plus naturel, l’essentiel étant que je garde mon indépendance vis-à-vis des partis et de toutes les forces extérieures, étrangères ou des lobbys internes et cela je l’assume pleinement et je le proclame.
La conquête de la présidence nécessite le recours à une machine partisane. Idéalement, si vous aviez le choix entre le soutien de Nidaa Tounes et celui d’Ennahdha, lequel choisiriez-vous ?
Je ne recherche pas le soutien d’un parti en particulier. Je suis un candidat indépendant, donc je suis ouvert sur les composantes de la société tunisienne et je m’adresse aux citoyens tunisiens.
Bien sûr, le fait de ne pas avoir de structure toute faite ou toute prête et le fait de ne pas avoir de financement rendent la chose plus difficile, c’est normal et nous travaillons là-dessus. Mais ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a un écho extrêmement favorable à cette candidature. Lorsque je me déplace dans le pays et que je rencontre les gens dans les différentes régions, je peux vous assurer que les gens accueillent plus favorablement un candidat indépendant à la présidence qu’un candidat partisan. Cela, je peux vous l’affirmer. Je l’ai vécu et constaté. Une frange très importante de la société tunisienne accueille bien cette candidature, tout comme nous bénéficions de l’aide et du soutien de beaucoup de volontaires à travers tout le pays. Les structures nécessaires permettant de porter cette candidature sont en train d’être mises en place. Nous comptons énormément sur les jeunes, sur les femmes dans les différentes régions et quelles qu’en soient les professions. Un mouvement assez large de soutien existe. Bien sûr, je cherche le soutien des Tunisiens, là où ils sont et qui trouvent que cette candidature est valable et appropriée.
Avez-vous évalué le coût d’une campagne présidentielle ?
Pas personnellement, mais les autorités compétentes l’ont fait et elles ont établi un plafond qui est de l’ordre de 780.000 dinars d’après ce que je crois savoir.
Nous sommes encore en pré-campagne, la campagne n’a pas commencé pour le moment et nous allons nous adresser aux citoyens tunisiens selon les règles qui ont été établies et nous travaillerons sur ces bases-là…
Vous vous posez en tant que candidat rassembleur et qui est indépendant. Des qualités justement recherchées par Ennahdha, qui n’a pas de candidat aujourd’hui. Pourriez-vous être ce candidat consensuel, non partisan, dont parle Ennahdha ?
Je crois que cette idée de candidat consensuel est maintenant dépassée. De plus, je n’y suis pas favorable. Même s’il s’agit du second tour, s’il a lieu, le peuple tunisien choisira entre deux candidats, c’est tout et c’est simple. Les élections sont faites pour désigner celui qui obtient le plus de voix.
Nous allons avoir les premières élections qui vont être réellement compétitives en Tunisie, alors il est légitime que les électeurs tunisiens soient vraiment maîtres de leurs décisions. On n’a pas à venir créer un consensus préétabli et l’offrir, on doit laisser le citoyen tunisien se prononcer.
L’élection présidentielle se fait sur des personnes. Vous avez une image positive auprès de l’opinion tunisienne en tant qu’économiste, respecté sur le plan international, etc., mais l’on vous connait moins en tant que personne… J’ai bien compris que l’indépendance, pour vous, est une qualité importante, mais quel est le courant de pensée que vous considérez le plus proche de vous ?
Vous avez posé deux questions. La première concerne l’image. Le rapport personnel avec l’électorat est l’objet de la campagne électorale. Son objectif consiste à présenter le candidat et son image d’une manière qui répond à ce que veut le peuple tunisien qui choisira ensuite en fonction de cela.
La seconde question a trait aux courants de pensée. Être indépendant, cela ne veut pas dire ne pas avoir d’idées, ne pas avoir de position… cela veut dire qu’on est indépendant des carcans partisans, des influences spécifiques, internes ou externes. Cela ne veut pas dire non plus qu’on n’a pas d’avis, qu’on n’a pas d’idées et qu’on n’a pas de positions.
Mes idées sont connues. Du point de vue social et du point de vue politique, je suis pour un pays ouvert et démocratique. Je souhaite encourager une société moderne et tolérante, c’est cela ma position. Je suis pour une société qui regarde vers l’avenir, pour une société qui fait de la science, de la technologie et de l’éducation la base de son rayonnement et de sa richesse. Cela est valable pour le domaine économique et pour le domaine social.
Par ailleurs, il est également connu que je suis pour une économie de marché, où le secteur privé joue un rôle fondamental, mais aussi pour une économie où l’État doit jouer un rôle essentiel de régulation, de redistribution des richesses, de protection des plus vulnérables, etc. Voilà mes positions du point de vue idéologique si vous voulez…
Quel modèle de développement économique peut remplacer celui qui sévit depuis l’indépendance et qui a montré ses limites ?
Il n’y a pas de recette miracle, pas plus qu’il n’y a de modèle tout fait. C’est une série d’approches et de politiques et d’institutions qui doivent résoudre les problèmes des Tunisiens, c’est cela que nous devons avoir. La situation particulière de la Tunisie nécessite un mélange entre une économie de marché, un rôle dévolu au secteur privé et un rôle réservé à l’État. C’est cette combinaison que nous devons mettre en place, progressivement et de façon attentive. Chaque pays qui a réussi a recherché sa propre combinaison. Je ne peux pas vous dire que c’est le modèle chinois ou brésilien… Il faut s’inspirer, il faut utiliser les expériences et construire sa propre vision, sa propre approche…
Il y a un décalage entre le discours du technocrate que vous êtes et le langage de certains de vos adversaires qui promettent monts et merveilles : la santé gratuite pour tous, les transports gratuits, l’allocation chômage, etc. Ne craigniez-vous pas d’être un peu marginalisé face à ceux qui sont en train de promettre à peu près tout et n’importe quoi ?
Vous touchez un vrai problème. Je ne suis pas du genre à dire qu’il existe des solutions toutes faites et à faire des promesses, car les promesses ne servent à rien, si elles ne sont pas construites sur des choses solides. Pour remettre les gens au travail, il faut que le pays redémarre, etc. Mais comment le faire ? C’est cela la vraie question. Ce n’est pas en disant qu’il faut se remettre au travail que cela sera suivi d’effet.
Pour moi, on doit commencer par la confiance. Il faut que les Tunisiens reprennent confiance en eux-mêmes. Si nous reprenons confiance en nos institutions, en notre État, en notre avenir, là, nous recommencerons à travailler et à engager les réformes nécessaires pour y parvenir. Ce n’est pas en portant le travail comme slogan que nous allons avancer.
Alors, que faut-il faire pour obtenir ce retour de la confiance ? D’après moi, les choses se font au niveau de la sécurité, de la stabilité politique. Chaque institution peut jouer un rôle, chacune dans son domaine, la présidence de la République, le Parlement, le gouvernement, la justice, etc. Il faut que toutes ces institutions se remettent en marche pour donner confiance en l’avenir aux Tunisiens, c’est la clé de tout. C’est pour cette raison que mon discours n’est pas et ne sera pas technocrate. Parce que l’on peut trouver toutes les solutions technocrates que l’on veut, mettre en pratique toutes les politiques que l’on veut si, au niveau politique, on ne résout pas le problème de la sécurité, si on n’a pas le retour de la stabilité politique, si on n’a pas des institutions qui fonctionnent avec un président de la République, un gouvernement et un Parlement qui jouent leurs rôles… si on n’a pas tout cela, alors on ne peut pas parler de retour de la confiance. Or c’est là-dessus qu’il faut travailler.
Pour revenir au début de notre discussion, c’est pour toutes ces raisons que je pense qu’un président de la République indépendant est approprié à la situation. Car il pourra donner davantage de confiance aux Tunisiens qui pourront alors se projeter dans l’avenir. C’est ce qui fait défaut actuellement, les Tunisiens ont peur aujourd’hui et il faut qu’ils puissent voir qu’il existe un avenir meilleur. Et c’est cela qui va les aider à travailler, qui va les inciter à innover et à investir.
Je crois que dans la situation actuelle, il faut dépasser les questions techniques et passer aux niveaux politique et psychologique qui sont tous deux fondamentaux pour l’économie.
Comment voyez-vous la fonction présidentielle ? Selon vous, de quels attributs doit bénéficier un président aujourd’hui en Tunisie ?
Je crois que l’attribut premier c’est qu’il doit inspirer confiance. Il doit aider les Tunisiens à regagner confiance en lui-même, en leur pays et son avenir. C’est fondamental.
Au-delà de cela, le président est responsable de l’État tunisien et de sa continuité, c’est également fondamental pour l’avenir et pour la confiance. Le président de la République représente l’image de la Tunisie, à l’intérieur et à l’extérieur, il faut que cette image soit réhabilitée. Il y a une règle et c’est la réhabilitation de la fonction, cela aussi doit inspirer les Tunisiens pour leur futur ainsi que pour la valeur travail dont nous avons parlé.
Bien sûr, il y a les questions des prérogatives spécifiques qui sont définies par la Constitution et qui doivent être respectées, la sécurité, la politique extérieure, le rôle de l’État… Mais à mon sens, c’est ce rôle de celui qui porte une vision pour le pays qui est fondamental. Peut-être que dans un pays qui fonctionnerait «normalement» cela serait moins important…
Quand vous dîtes qu’il faut réhabiliter la fonction présidentielle, est-ce à dire que vous considérez qu’elle a été dégradée par Moncef Marzouki ?
Et comment ! Et vous le savez très bien… Quel rôle a joué la présidence pendant ces dernières années ? Un rôle de division. Elle n’a rien fait pour résoudre les crises politiques, mais au contraire elle les a approfondies et exacerbées. Elle a essayé de déstabiliser l’armée nationale… tout cela vous le savez très bien, il n’est pas nécessaire de revenir là-dessus.
Si vous n’êtes pas élu président de la République, mais que l’on vous appelle à diriger le prochain gouvernement, quelle sera votre attitude ?
Je travaille sur les élections présidentielles, c’est cela qui m’intéresse et je continuerai à me concentrer sur cette ambition.
Le président doit veiller également à la réalisation des objectifs de la Révolution. Parmi ces objectifs figure la fin de la grande injustice qui frappe les régions de l’intérieur du pays, comment comptez-vous vous y prendre pour y remédier ?
Le président de la République est le garant de la Constitution. Il peut donc intervenir dans différents domaines pour veiller à la bonne application de ce que dit la Constitution, en termes de droit, d’objectifs à réaliser, etc., il est appelé à être actif dans ces domaines là.
Concernant le développement régional tout comme la question de la jeunesse et de ses droits, son rôle est extrêmement important. Je pense qu’il existe divers moyens qui lui permettent d’intervenir. Car le président de la République peut présider le Conseil des ministres, donner ses avis et l’orienter. Le gouvernement est responsable, mais le président peut intervenir. Il peut être le visionnaire, celui qui donne les orientations, qui rassemble, qui essaie de proposer des solutions, de pousser vers des solutions spécifiques dans tous les domaines, dont particulièrement ceux que vous avez évoqués. Il a ce rôle-là à jouer.
Mais on en revient toujours au même problème, c’est-à-dire que si vous êtes élu vous n’aurez pas de parti qui va relayer vos décisions dans l’opinion. Allez-vous vous créer un parti après votre éventuelle élection ?
Vous savez bien que si l’on est président d’un parti et que l’on est élu on doit démissionner. Alors je ne pense pas qu’il serait approprié de faire le chemin inverse. Donc ma réponse est clairement non. Un président indépendant joue son rôle en travaillant avec les partis et non en créant un autre parti afin de concurrencer ceux déjà existants.
Propos recueillis par Hassan Arfaoui