Destiné à atteindre la santé pour tous, le système de soins de santé de base en Tunisie ne répondrait plus actuellement aux besoins de ses utilisateurs. Au sein même du ministère de la Santé, on se pose des questions et on se dirigerait vers une réforme de tout le système de base qu’on estime quelque part dépassé.
Ce système, basé sur « la circonscription sanitaire » date de plus de 30 ans, même s’il a subi quelques améliorations. Il a été élaboré à une période où les préoccupations sanitaires de la Tunisie concernaient surtout les pathologies infectieuses et contagieuses. Depuis, la transition épidémiologique a fait que les maladies non transmissibles sont en tête de liste des pathologies les plus fréquentes dans le pays. On est alors en droit de nous demander si le système lui-même ne nécessite –t-il pas des réformes ?
La circonscription sanitaire est une entité fonctionnelle organisée territorialement sur une zone géographique qui peut concerner une ou plusieurs délégations. Elle n’a aucune autorité administrative. Les services qu’elle offre sont : une éducation pour la santé, de bonnes conditions alimentaires, un assainissement de base, la protection maternelle et infantile et la planification familiale, les vaccinations contre les grandes maladies infectieuses, le contrôle des endémies locales, les soins curatifs courants et la fourniture des médicaments essentiels.
Elle comprend : les équipes itinérantes, les dispensaires (centre de soins de base) les hôpitaux de circonscription. Elle a pour mission de prendre en charge l’état de la santé de la population à travers les activités promotionnelles, préventives, curatives et de réhabilitation, des soins de santé de base, de la santé scolaire et universitaire, de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement. Elle doit assurer une mission de coordination intra et intersectorielle impliquant tous les intervenants dans le domaine de la santé (particulièrement la promotion de la santé).
Ces départements ont élaboré des programmes nationaux verticaux qui ont été intégrés par les équipes régionales au niveau de la circonscription sanitaire et des centres de santé de base pour leur réalisation.
Ces programmes préventifs sont dispensés de manière gratuite dans les structures publiques et une bonne couverture de la population a été réalisée par la plupart de ces programmes de lutte contre les maladies infectieuses et de programme de planning familial et protection de la santé de la mère et de l’enfant.
Depuis le début des années 2000, le profil épidémiologique des Tunisiens a changé. Les pathologies dites des « pays riches » sont devenues plus fréquentes. Mauvaises habitudes alimentaires, sédentarité, tabagisme sont entre autres responsables de l’apparition des hypertensions, des maladies cardiovasculaires, métaboliques, diabète, hypercholestérolémie, cancers etc.
De nouveaux programmes relatifs à ces maladies chroniques et dégénératives ont été proposés mais ils rencontrent des difficultés de réalisation liées à l’insuffisance des moyens de la prévention et de la prise en charge.
Ces pathologies nécessitent beaucoup de médicaments, des examens complémentaires, des séances d’éducation sanitaire, des suivis réguliers, des consultations spécialisées dans les structures de 2e et 3e ligne. Pour répondre à toutes ces attentes il faut un changement dans la conception et le rôle de la circonscription sanitaire. Un projet auquel s’attellera prochainement le ministère de la Santé.
Samira Rekik