Le parti qui a gagné les élections législatives et présidentielles et qui s’apprête à gouverner la Tunisie pour les cinq années à venir, a été le théâtre de toutes sortes de conflits, a tel point que certains n’hésitent pas à prévoir son implosion. Retour sur les quatre grands conflits qui ont ébranlé Nidaa tounes.
Khmais Kssila ouvre le feu contre son parti
Lors de son intervention à la radio Cap FM, l’élu de Nida Tounes à l’Assemblée des Représentants du Peuple APR, s’est violemment pris à son parti déclarant qu’il risque de se diviser à l’instar du CPR.
« Il y a quelques personnes qui veulent que Nida Tounes connaisse le même sort que le CPR » déplore Khmaiss Kssila avant d’ajouter « Nida Tounes n’est pas l’apanage de son chef, ni de ses membres, Nida Tounes appartient à ses électeurs ».
Khmais Kssila n’a pas hésité d’affirmer que son collègue au sein du même parti Mohsen Marzouk ne se contente pas du rôle que l’on lui a attribué dans le palais de Carthage mais il veut aussi avoir une mainmise sur le parti. Khmaiess Kssila est allé jusqu’à dire que Mohssen Marzouk et Rafaâ Ben Achour sont « le plus grand mal » pour la Tunisie se trouvant dans le palais.
Kissila ne s’est pas contenté de fustiger ses collègues mais il a aussi critiqué les choix politiques post-élections de son parti. Parmi les décisions politiques qui ont provoqué son ire est le rapprochement de son parti avec le mouvement Ennahdha. Il a même parlé d’un marchandage politique qui se trame entre les deux partis.
Omar Shabou et les 4 vérités de Béji Caid Essebssi
Dans un communiqué publié 15 septembre 2014, Nidaa Tounes a annoncé qu’Omar Shabou était exclu du parti. Le communiqué a parlé d’un manque de discipline et un non respect de l’éthique politique et des intérêts du parti.
En effet la décision a été prise suite une lettre adressée par Omar Shabou, alors membre du parti Nida Tounes, le 04 septembre 2014 à son chef Béji Caid Essebssi.
Intitulée « Cher Béji, dites la vérité aux tunisiens » Omar Shabou a, dans ladite lettre, fait part de son opposition à la candidature aux élections présidentielles d’un candidat partisan.
« La sagesse plaiderait à mon sens en faveur d’une cohabitation soft voire d’une entente entre un chef de gouvernement partisan et un président non partisan » a signalé Omar Shabou.
Omar Shabou a également critiqué la prédisposition du chef du parti à s’allier avec le Mouvement Ennahdha. Selon lui, il est « à peine imaginable qu’on puisse proposer un partage du pouvoir exécutif à un parti et un groupe de personnes qui ont détruit ce que les Tunisiens ont construit depuis des décennies.
Dans sa lettre, Omar Shabou a regretté ce qu’il a estimé comme trahison de toutes les vertus et valeurs fondatrices de Nidaa Tounes conçues au départ comme un projet alternatif aussi bien culturel que politique. Shabou est allé jusqu’à dire que « l’esprit de cour » était de mise au sein du parti et que Béji Caid Essebssi n’y était plus maître des ses décisions.
Shabou a fini par remettre en cause la bonne santé du leader du parti en lui rappelant que son état de santé ne lui permet pas d’assumer pleinement les charges de président de la République. Des charges qui sont loin d’être symboliques dans le nouveau texte constitutionnel, Selon ses dires.
Ridha Belhaj s’insurge contre l’organisation d’un congrès consécutif
Le différent entre Ridha Belhaj et son parti a eu lieu le 18 mai 2014 quand Nidaa Tounes a tenu une réunion du comité exécutif, renforcée par les coordinateurs régionaux en Tunisie et à l’étranger, pour discuter des préparatifs aux élections et du programme économique et social du parti.
Selon Ridha Belhaj, alors membre exécutif du parti, les participants à la réunion ont été surpris par la décision d’organiser un congrès constitutif le 15 Juin pour élire un comité directeur par le conseil national. Pour lui cette décision a été reprise par une motion rédigée à la va-vite et n’ayant pas fait l’objet de débat approfondi.
Ridha Belhaj a affirmé, dans un statut facebook publié le jour même de la réunion, que la décision d’organiser un congrès pour l’élection du comité de direction par le conseil national n’est pas conforme au statut du parti qui réglemente l’organisation du congrès en respectant une procédure claire. Il a implicitement accusé le fils du leader du parti Hafedh Caid Essebssi d’être derrière cette proposition.
Il a ajouté que la règle de base en matière de gestion démocratique des partis politiques dispose qu’on ne peut en aucun cas élire un organe par un autre qui n’a pas été lui même élu.
Ridha Belhaj a décidé de boycotter ce qu’il appelé un congrès de règlement de compte et d’exclusion qui approfondit les divisions au sein du parti et qui permet à une minorité de prendre le contrôle du parti et mettre fin au pluralisme et la diversité au sein de son parti.
Nida Tounes gèle l’adhésion d’Abdelaziz Mzoughi
Le 03 février 2013, Nida Tounes à décidé de geler l’adhésion d’Abdelaziz Mzoughi, de son bureau exécutif mais aussi de l’ensemble de parti.
Selon un communiqué publié par Nida Tounes, cette décision a été prise suite aux différentes déclarations faites par Mzoughi dans les médias et dans lesquels il s’attaque au parti et à ses collègues.
« Ces déclarations sont de nature à nuire à la réputation du parti et dénotent un manque de rigueur » a justifié le communiqué.
Réputé pour ses coups de gueule et son franc-parler caustique, ce dernier aurait payé sa « loquacité ». Il est a notéer que Mzoughi a, dans pas mal d’occasions, affirmé que le parti Nida Tounes est secoué par des conflits internes entre les diverses sensibilités regrettant qu’il fonctionne comme une « entreprise familiale » et non pas comme un parti politique.
Nidhal Adhadhi