Le bras de fer entre Kaïs Saïed et les magistrats semble atteindre son apogée. Décrétant une grève générale dont la participation a atteint, selon Anas Hmaïdi, le président de l'Association des magistrats tunisiens un taux record, les juges, droits dans leurs bottes, tout en réclamant le retour sur la décision de la révocation de 57 magistrats veulent transmettre un message clair et fort au président : l'indépendance de la justice est une ligne rouge.
Sauf que, pour un président intransigeant, jusqu'au-boutiste et irréductible qui ne semble pas prêt à lâcher du lest, l'escalade des magistrats grévistes ne devrait pas passer sans riposte.
Recevant ce lundi 6 juin 2022 la ministre de la Justice Leila Jaffel, le président a annoncé la couleur. Une retenue sur salaire est envisagée contre ces magistrats, et ce "pour assurer la continuité du service public''.
Une mesure, si jamais mise en application par le ministère de tutelle, aurait pu souffler sur les braises. S'agit-il d'un rappel à l'ordre de la part d’un président constamment sur les dents, ou tout simplement, d'une manœuvre de diversion pour gagner davantage du temps ? Les jours à venir nous réservent la réponse, certes, mais faut-il s'attendre au pire ?
Dans cette spirale de tension et d’escalade qui secoue le pays où tout le monde se regarde en chiens de faïence et où chacun croit obstinément détenir la vérité, une seule réalité qui prime : le pays est sur le fil du rasoir.
A bon entendeur !
Med Ali Sghaïer