En marge de sa participation aux travaux de la 7ème édition du Forum International de la santé Numérique, M. Nicolas Giraudeau, Maître de conférences et président de la Fondation Université de Montpellier s’est exprimé au micro de Réalités Online et est revenu sur l’avenir de la santé orale dans un contexte de digitalisation.
Comment la télémédecine peut agir en faveur de la promotion de la santé orale ?
En réalité, il existe beaucoup de solutions que la santé digitale pourrait apporter pour améliorer la santé orale dans le monde entier. Et c’est d’ailleurs la volonté de l’organisation mondiale de la santé avec laquelle j’ai eu le plaisir de travailler en poussant les États membres et notamment les pays africains à utiliser la santé digitale. Premièrement, la digitalisation de la santé permet d’améliorer la prévention à travers les applications mobiles mais aussi via l’envoi des messages et des SMS ou encore à travers l’usage des réseaux sociaux.
En ce qui concerne la formation des professionnels, l’utilisation de plateformes numériques permettent d’avoir une bonne qualité de formation sur cette thématique de santé orale sachant que les maladies de santé orale touchent la moitié de la population mondiale et ont un impact très important sur le plan économique. En effet, dans la majorité des pays à travers le monde, faire des soins dentaires coûte très cher.
Le troisième point que la santé digitale pourrait apporter à la santé orale c’est bien l’utilisation de la télémédecine bucco-dentaire. En effet, des bilans bucco-dentaires peuvent être réalisés à distance ce qui permet ensuite de prévoir la réalisation et donc d’optimiser le parcours de soins du patient.
Comment peut-on faire en sorte que la télémédecine ne soit pas à l’origine d’autres inégalités ?
C’est un point important que vous souleviez. Effectivement, il est fondamental que la télémédecine en général n’augmente pas les inégalités qui existent déjà dans la vie même si on essaye de les résoudre. Pour l’accès aux soins, le système de santé de chaque pays veille à ce qu’il ait un accès égalitaire pour toute la population et donc si la télémédecine n’est réservée qu’aux populations qui sont en capacité de s’acheter du matériel pour faire de la télémédecine, il y a déjà un problème d’inégalité. C’est pourquoi, sur le plan économique, il faut que le développement et l’implémentation des programmes de télémédecine puissent permettre aux populations même les plus pauvres d’en bénéficier.
Sur un deuxième plan, l’accès au numérique et au réseau que ce soit le wifi ou le réseau téléphonique. Il faut qu’il ait suffisamment de réseau pour que la télémédecine puisse se faire, chose qui pose déjà un problème car la qualité du réseau ne peut pas être la même dans toutes les régions du monde. C’est pourquoi il faut veiller à ce que le déploiement de la télémédecine soit en adéquation avec le déploiement de la communication. Et enfin, l’utilisation de ces outils très souvent compliqués. Quelqu’un qui ne sait pas utiliser un téléphone portable ou un ordinateur pour envoyer un mail, il va être sûrement très en difficulté pour pouvoir développer une activité de télémédecine. J’estime donc que ces trois points économique, géographique et technique sont fondamentaux pour qu’il y ait une parfaite égalité et pour que la télémédecine puisse éliminer ces inégalités en termes d’accès aux soins.
Propos receuillis par Hajer Ben Hassen
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