Le Musée d'art moderne et contemporain à la Cité de la culture organise une exposition consacrée à Hedi et Noureddine Khayachi. Le vernissage aura lieu dimanche 15 janvier avec une centaine d'œuvres qui seront visibles durant trois mois.
L'événement artistique de cette rentrée de janvier est incontestablement l'exposition Khayachi accueillie par la Cité de la culture, précisément au Musée d'art moderne et contemporain. Organisée avec le concours de la famille Khayachi, cette exposition sera l'occasion de redécouvrir une centaine de dessins et tableaux de Hedi et Noureddine Khayachi.
Un livre d'art et une grande exposition
Ces œuvres proviennent de la collection du ministère des Affaires culturelles et de collections privées, notamment celle de Tej El Molk Khayachi Ghorbel qui mène un remarquable travail de fond pour la postérité de deux des plus grands peintres classiques tunisiens. En ce sens, un album vient d'être publié avec une compilation impressionnante des œuvres des deux artistes.
Ce livre d'art réalisé et édité par les soins de Tej El Molk Khayachi Ghorbel est un vibrant hommage à la mémoire de son père Noureddine Khayachi et son grand-père Hedi Khayachi. Il se double d'une indéniable facture documentaire qui permet de découvrir les tableaux des deux maîtres et le contexte de leur création. Avec plus de trois cents pages et une iconographie des plus riches, cet ouvrage constitue une somme pour la connaissance de Khayachi père et fils. C'est lors du vernissage de l'exposition que ce livre d'art sera présenté au public.
Cette exposition et ce livre sont une invitation à la redécouverte de l'art intact de deux piliers de la peinture tunisienne, d'un père et d'un fils aux parcours similaires et en totale symbiose. Hedi Khayachi et son fils Noureddine Khayachi ont tous deux excellé dans la restitution des scènes de la vie traditionnelle et l'iconographie liée à la dynastie husseinite.
Patriotes tunisiens, proches du mouvement national, Khayachi père et fils ont accompagné les premières décennies de l'indépendance. C'est d'ailleurs Noureddine Khayachi qui réalisera l'emblème de la République tunisienne.
En une centaine de dessins et de tableaux, cette exposition se veut un hommage à deux artistes qui demeurent des repères incontournables dans l'univers pictural tunisien.
Deux ténors de la peinture classique tunisienne
Portraitiste prolifique, Hédi Khayachi a longtemps été au service de la cour beylicale et des dignitaires husseinites. Il laisse derrière lui une galerie de portraits qui, aujourd'hui, fait partie intégrante de l'histoire de la peinture tunisienne.
Né en 1882, décédé en 1948, Hédi Khayachi est l'un des maîtres de notre tradition picturale. Comme de nombreux artistes de sa génération, il a fréquenté l'atelier d' Émile-Auguste Pinchart avant de parfaire sa technique à Paris et Rome.
Hédi Khayachi nous lègue un immense patrimoine alliant la dimension documentaire au caractère esthétique. Il est un témoin essentiel de son époque et restera l'un des grands artistes ancrés dans l'univers tunisien.
Son fils, Noureddine Khayachi, poursuivra l'oeuvre de son père. Très tôt initié à la peinture, il ira en Italie pour y suivre les cours de l'Académie des Beaux-arts de Rome.
Artiste exigeant, le regard pétri par les œuvres de la Renaissance et fort d'une technique maîtrisée, il réalise à son tour, une série de portraits des personnages majeurs de la dynastie husseinite.
Également tourné vers les scènes de la vie d'antan, il reconstitue les univers feutrés des intérieurs bourgeois et les fastes de la vie quotidienne.
Dans ce sillage, il travaille également à ressusciter l'histoire de Tunisie et ses figures, nobles ou populaires, dans une démarche qualifiée de classicisme arabe.
Né en 1917, décédé en 1987, Noureddine Khayachi a également été un formateur des plus compétents. Il a en effet transmis son savoir-faire aussi bien en Tunisie que dans d'autres pays arabes.
Khayachi père et fils constituent un versant entier de la tradition picturale tunisienne. Il suffit d'observer les compositions qu'ils réalisent et les équilibres qu'ils obtiennent pour se convaincre de l'importance de leur legs. Cette exposition et ce livre leur rendent hommage et révèlent la complicité artistique qui les liait tout en ayant une importante valeur historique et documentaire.
Une centaine d'œuvres durant trois mois
Au-delà, cette exposition est une occasion rêvée pour les jeunes artistes et les étudiants des Beaux-arts qui n'ont pas souvent l'occasion de voir des œuvres de Khayachi père et fils. À ce titre, le soutien apporté par le ministère des Affaires culturelles pour la tenue de cette exposition est d'autant plus appréciable. Trois mois durant, l'exposition Khayachi sera visible au Musée d'art moderne et contemporain de la Cité de la culture. Quant au livre d'art qui vient de paraître, il viendra utilement enrichir la bibliothèque artistique tunisienne.
Hatem Bourial

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