A l’origine de la supercherie était le MTI. Plan B, après la présentation de la première dénomination, l’appellation « Ennahdha » contournait le refus d’une formulation utilisatrice de la religion, car l’islam appartient à tous les Tunisiens et avec Bourguiba, on ne badine pas. Cependant, cascaslou yarja3 laslou. Et depuis son institution, ce parti fondé sur l’ambiguïté ne cesse de renier son divorce avec la religiosité.
L’idéal fut et restera l’institution de la charia. Le combat, tantôt déclaré, tantôt subtil, éliminera l’Etat civil et le régime théocratique balaiera l’optique démocratique, puisque le droit humain n’est rien eu égard au droit divin. Au fil de l’itinéraire balisé par la jonction de l’islam et du parti masqué, prospérait l’illusion d’une indistinction. Elle soudait l’appartenance politique à la croyance islamique. Mais le jour de l’aïd, les croyants célèbrent la fête et les nahdhaouis dégustent leur cuisante défaite. Au moment où les musulmans accourent vers les mosquées, après les ablutions, le chef historique du parti nahdhaoui rejoint la prison. Par-delà son look anecdotique, ce procès cligne vers la disjonction du champ œcuménique et de l’univers politique.
Abdelhafith Ouni, responsable de magasin auprès d’une grande surface, me dit : « Les musulmans vaquent aux affaires de l’aïd et les dirigeants d’Ennahdha comparaissent devant les tribunaux. Leur parti est fini. Dieu nous a débarrassés d’eux ».
Le parasitage du religieux par le politique a basculé sans guerre civile ni confrontation armée. Prise au piège, la façon de surfer sur la religion dévoile sa malfaçon.
A ce propos, où le théorique sous-tend le pragmatique, le sens commun pressent la problématique.
Inscrits aux abonnés absents à l’heure où ils devraient chapeauter un moment festif de la religion, nos amis nahdhaouis exhibent l’air et les manières de scélérats punis. Soudain sabré, l’islam politique arbore le tort d’un corps étranger à la société. Auparavant, c’était les peu croyants qui se disaient devenus étrangers dans leur société où l’inquisition sévissait. Telle une lame de fond, la transformation advenait au terme de l’ample confrontation.
Pareille transition projette un éclairage sur la complexité occultée par une représentation naïve de l’historicité. La part du hasard et de l’aléatoire surprend même les parties en conflit. Qui aurait prévu semblable issue de ce conflit quand trônait Ghannouchi ?
Le jour de l’aïd, ses adversaires fredonnent l’agréable ritournelle : « Nous l’avons échappé belle ». Certaines proies de l’inconscience prônent le pardon et la tolérance. Mais, à part Mandela, quel colonisé voudrait caresser dans le sens du poil, ces pilleurs de pays ravagés au point de les réduire, maintenant, à des foyers de migrants livrés aux ripailles des poissons ? Européens et Américains portent une lourde responsabilité quant à l’émigration jugulée. De nos jours, ils versent des larmes de crocodile sur les apôtres sataniques de l’islam politique.
Hélas, pour nos faux amis, l’aïd ne s’avère guère de leur avis. Et la géhenne ukrainienne découvre, encore davantage, les dessous de l’ordre impie où les quelques monopoleurs du véto mènent les autres en bateau.
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