Alaya Allani, professeur à l’université de Tunis, historien et spécialiste des questions islamiques, a décortiqué pour Réalités Online les récents événements qui ont émaillé le sud tunisien et leur répercussion sur la situation sécuritaire du pays.
“Ce qui se passe à Dhehiba reflète une réalité alarmante. Tout le monde doit intervenir pour calmer la situation pour le bien du pays” s’est-il indigné avant de poursuivre “la spécificité de cette région frontalière c’est qu’elle était entre le formel et l’informel et n’avait pas connu un développement économique réel”.
Alaya Allani s’est dit déçu que “le gouvernement de la Troïka a été incapable d’instaurer un plan économique régional efficace. En contre partie l’économie informelle et la contrebande ont connu un essor exponentiel au lendemain de la Révolution ce qui a permis la mise en place de grands lobbies de contrebande”.
Concernant la tentative du gouvernement Jomâa de réorganiser l’économie en confrontant le problème de la contrebande et de cette économie parallèle qui représente la moitié de l’économie organisée, Alaya Allani estime que “les mesures prises par l’ancienne équipe gouvernementale étaient mal étudiées”.
“Avant d’imposer une taxe d’entrée de trente dinars, ils auraient du commencer par mettre en place un plan économique régional qui absorbe le chômage qui s’accroît d’un jour à l’autre” a-t-il expliqué.
Selon Alaya Allani “les habitants de Dhehiba, Tataouine et Médenine ont le droit de demander l’amélioration de leur situation socio-économique. Mais ils n’ont pas le droit d’incendier les postes de police et les bâtiments publics parce que c’est un acte non justifié et criminel”.
Pour l’historien, “la piste des contrebandiers, des hors la loi et des terroristes n’est pas à exclure. Raison pour laquelle les habitants doivent savoir que l’insécurité n’est d’aucun bénéfice pour la région. Et si l’insécurité qui règne en Libye se propage dans notre pays personne ne sera épargné et le développement ne verra jamais le jour”
Alaya Allani a, finalement, appelé à “un dialogue véridique et non pas un dialogue de sourds pour aboutir à la suppression ou la suspension temporaire de la taxe de 30 dinars et l’élaboration d’un plan économique régional efficace et réaliste”.
Meher Hajbi