Les heures passent et on s’approche dangereusement de la fin de l’ultimatum fixé par les pays de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) qui va prendre fin ce dimanche 6 août 2023 à minuit. L’ultimatum a été lancé à l’égard de la junte militaire qui a pris le pouvoir au Niger, évinçant le président Mohamed Bazoum, actuellement pris en otage selon ses partisans et les alliés Occidentaux du Niger.
L’empressement de la Cedeao
Pour la première fois de son Histoire, la Cedeao semble pressée de mener une intervention militaire. Sa branche militaire, surnommée les Casques Blancs, a vu le jour en 1990. Elle a déjà effectué des interventions armées dans certains pays membres de l’organisation économique de l’Afrique de l’Ouest, mais toutes se sont soldées par un échec cuisant.
On pense, notamment, aux interventions au Burkina Faso et au Mali où les militaires détiennent le pouvoir. Certains observateurs s’interrogent la détermination de la Cedeao concernant une éventuelle intervention militaire au Niger. Ils estiment que cela traduit la crainte des dirigeants de l’organisation de subir le même sort. Ils voudraient ainsi intervenir pour mettre fin à la rébellion armée au Niger, ce qui découragerait toute autre mouvement comparable dans d’autres pays.
Une intervention qui ne fait pas l’unanimité
En fait, les observateurs craignent qu’un conflit régional n’éclate dans cette région clé de l’Afrique. Néanmoins, si certains pays africains y sont favorables, d’autres ne le sont pas. C’est le cas du Burkina Faso et du Mali, eux-mêmes dirigés par les militaires. Le président algérien Abdelmajid Tebboune, a appelé au retour du président constitutionnellement élu au Niger, mais il a catégoriquement rejeté toute intervention militaire compte tenu de la proximité géographique de l’Algérie avec le Niger: 2000 km de frontières partagées. Le Nigeria, qui préside actuellement la Cedeao, n’a pas obtenu l’autorisation du Parlement pour envoyer ses troupes.
L’échec de la France en Afrique
Le conflit va au-delà de la sphère africaine. Certains y voit une énième confrontation entre l’Occident et la Russie. Ils y voient également le déclin de la France et l’échec cuisant de sa politique dans le continent africain. Quant à la Russie, des bruits des couloirs stipulent que les soldats de Wagner, qui sont déjà très présents en Afrique, apporteraient leur soutien à la junte militaire nigérienne en cas de conflits armés. Bien entend, c’est à prendre avec des pincettes.
L’Afrique doit affirmer son autorité
La question qui se pose: où est l’Union Africaine et ses 55 États membres? Un conflit armé plongerait la zone dans une guerre régionale sanglante où il n’y aura aucun gagnant. Les grands perdants seront les peuples africains qui y vivent. L’enjeu, pour chacun des antagonistes, est trop gros. Certains analystes voient mal la Cedeao mettre à exécution ses menaces d’intervention militaire compte tenu du risque que cela représente et, aussi, des échecs du passé. Seule une solution diplomatique devrait permettre d’espérer une sortie de crise et elle doit être africaine, sans l’intervention d’une quelconque partie occidentale.
L’Afrique, depuis longtemps, est sous le joug de ces pays qui exploitent ses richesses naturelles et sa main d’œuvre sous le prétexte de la promotion de la démocratie, des Droits de l’Homme et des libertés. Les institutions du continent doivent se mobiliser et réaffirmer leur autorité afin de résoudre la crise du Niger, et les autres, de façon pacifique, sans effusion de sang.
F. K