Commençons par une évidence afin de couper court à tous les malentendus : la lutte des Palestiniens contre l’occupation israélienne est un droit reconnu par la charte des Nations unies. En refusant aux Palestiniens ce droit, les Occidentaux viennent de faire sauter ce qui formait un pan du droit international. L’Histoire retiendra de l’Occident «démocratique» qu’il a torpillé l’»ordre international» établi par lui-même au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il aura été le fossoyeur d’un ensemble d’institutions, de normes et de valeurs, bâti autour de l’Organisation des Nations unies et qui devait assurer un minimum de règles entre les nations. Malheureusement, le soutien aveugle de l’Occident à l’occupant israélien démontre qu’il méprise le texte fondamental de cet «ordre libéral», les droits de l’homme et les valeurs universelles. Certains hauts dirigeants occidentaux ont affiché même un faible honteux pour la guerre, les persécutions et le génocide en pilotant une terrible campagne de désinformation et de mensonges d’État. Objectif : convaincre leurs opinions publiques de la nécessité de dénoncer le droit des peuples colonisés à l’indépendance, de prôner l’occupation israélienne et de massacrer les Palestiniens.
En ces temps de bouleversement majeur, ce qui change fondamentalement en Occident, c’est le rapport à l’occupation de l’ensemble des territoires palestiniens. Elle choque moins. On y participe indirectement et, si on ne la justifie pas, on l’admet au nom de la lutte contre le terrorisme ou tout simplement au nom de la «sécurité d’Israël». Ce comportement immoral n’a pas tu les aspirations légitimes du peuple palestinien qui réclame justice, indépendance et liberté. Les manifestants pacifistes, descendus dans les rues dans tous les coins du monde pour protester contre les massacres à Gaza, s’y sont implicitement référés lorsqu’ils ont appelé la vérité à subvertir le système du mensonge et d’hypocrisie dans les scènes politiques et médiatiques occidentales.
En ordre dispersé, en retard et avec des mots très mesurés, pour ne pas dire flous, la manière dont quelques dirigeants européens «gênés» ont appelé à respecter le droit international, en dit long sur leur embarras et leur impuissance.
L’aide humanitaire, dernier épisode en date de la guerre israélienne et, indirectement américaine et européenne, sur la bande de Gaza, agit comme un puissant révélateur de la nature du projet génocidaire atlantiste dont Israël est l’exécuteur. En refusant aux civils bombardés leur libre accès, les Israéliens et les Occidentaux montrent jusqu’où ils peuvent aller dans la course à la fatalité. Le projet est démasqué, son action équivalant à une volonté d’imposer intentionnellement des conditions de vie, telles que les privations d’accès à la nourriture et aux médicaments, calculées pour entraîner l’anéantissement d’une population, soit la définition de l’extermination telle qu’elle est établie par le statut de Rome, portant création de la cour pénale internationale en 1998.
Au cours de ce massacre ignoble, s’est opéré un grand retournement des valeurs humaines dans la mesure où les États-unis et les «démocraties» européennes apparaissent comme les principales sources du mal alors que, par un effet de contraste, des pays comme la Chine, la Russie, le Brésil et même l’Iran représentent le droit international.
La question, aujourd’hui, est de savoir si cette décadence morale de l’Occident est une phase transitoire vers la construction d’un nouvel ordre mondial ou si elle est porteuse d’un chaos encore plus destructeur.
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