L’Afrique subsaharienne, terre de promesses pour l’économie numérique, fait face à des défis cruciaux. Les restrictions gouvernementales sur l’accès à Internet et aux plateformes de médias sociaux ont eu un impact dévastateur en 2023, entraînant des pertes financières colossales de 1,74 milliard de dollars, selon les données de Top10VPN. Au-delà des pertes financières, ces entraves compromettent le développement socio-économique de la région : alors que la région connaît une croissance rapide de son économie numérique, ces entraves persistent, mettant en péril le potentiel d’innovation, de communication et de croissance économique.
Le récent rapport émanant de la plateforme britannique spécialisée Top10VPN expose de manière frappante les répercussions financières significatives découlant des restrictions imposées sur les réseaux sociaux et Internet en Afrique subsaharienne au cours de l’année 2023. Les chiffres révèlent des pertes totales s’élevant à 1,74 milliard de dollars, marquant une augmentation remarquable de 489,83 % par rapport aux 295 millions de dollars enregistrés en 2022.
Bien que le nombre de personnes touchées par ces restrictions ait diminué, passant de 133,1 millions en 2022 à près de 84,8 millions en 2023, la tendance globale montre une expansion inquiétante du nombre de pays imposant de telles limitations, passant de sept à dix. Cette augmentation significative est attribuée principalement à la prolongation des pannes, qui ont totalisé 30.785 heures en 2023, par rapport aux 9.532 heures en 2022.
L’impact le plus saisissant a été enregistré en Éthiopie, où le pays a été fortement affecté, enregistrant le plus grand nombre d’heures d’interruption d’Internet et de réseaux sociaux. Les restrictions, initiées en raison de tensions religieuses, ont perduré pendant plus de cinq mois, générant des pertes économiques estimées à 1,59 milliard de dollars, représentant ainsi 91,37 % des pertes totales de la région subsaharienne.
Outre l’Éthiopie, deux nations d’Afrique de l’Ouest, le Sénégal et la Guinée, ont également contribué de manière significative aux pertes financières de l’année 2023. Au Sénégal, les manifestations politiques en faveur de Sonko ont conduit à une coupure d’Internet pendant 135 heures et des restrictions sur les réseaux sociaux pendant 3.811 heures, entraînant une perte financière de 57,4 millions de dollars. En Guinée, les autorités ont restreint l’utilisation des réseaux sociaux depuis novembre 2023, générant des pertes estimées à 47,4 millions de dollars pour les 3.720 heures de restrictions.
D’autres pays tels que la Mauritanie, le Kenya, le Soudan, le Gabon, la Tanzanie, le Tchad et le Zimbabwe ont également adopté des restrictions sur Internet ou les réseaux sociaux en 2023, contribuant ainsi aux pertes économiques de la région subsaharienne. Ces chiffres alarmants soulignent de manière incontestable l’impact négatif des mesures gouvernementales sur le développement continu de l’économie numérique en Afrique, mettant en lumière la nécessité urgente de trouver des solutions pour préserver la connectivité et stimuler la croissance économique dans la région.
Les chiffres émanant du rapport de Top10VPN mettent en exergue une réalité alarmante quant aux conséquences économiques des restrictions sur Internet en Afrique subsaharienne en 2023. L’augmentation spectaculaire des pertes financières, accompagnée de la multiplication des heures d’interruption, souligne l’impact dévastateur de telles mesures sur le développement économique et social de la région.
L’exemple frappant de l’Éthiopie, où des tensions religieuses ont conduit à des mois d’interruption, démontre la fragilité de la connectivité dans des contextes politiques et sociaux tendus. De même, les contributions significatives du Sénégal et de la Guinée aux pertes financières soulignent l’ampleur du problème, avec des manifestations politiques et des restrictions prolongées sapant la vitalité économique de ces nations.
Il est impératif donc de reconnaître que ces restrictions ne touchent pas seulement les finances, mais ont également un impact sur la libre circulation de l’information, la liberté d’expression, et entravent le développement de l’économie numérique. La connectivité est devenue une pierre angulaire du progrès, et les gouvernements doivent trouver un équilibre entre la sécurité nationale et la préservation de ces canaux essentiels.
Face à ces défis, il est urgent que les acteurs régionaux et internationaux collaborent pour trouver des solutions viables qui préservent la stabilité politique tout en garantissant la libre circulation de l’information. La promotion de politiques favorables à la connectivité et le développement d’infrastructures résilientes devraient figurer parmi les priorités pour stimuler la croissance économique durable en Afrique subsaharienne. En fin de compte, la préservation de l’accès à Internet et aux réseaux sociaux est essentielle pour assurer un avenir prospère et connecté à cette région dynamique du monde.
M.BB