Face à un déficit budgétaire abyssal, la Tunisie a décidé de recourir à un ultime recours : l’aide de sa banque centrale. Un choix controversé, mais que certains jugent indispensable pour éviter le naufrage. C’est en ces termes que Jean-Luc Révéreault, représentant régional de la Banque européenne d’investissement (BEI), a résumé la situation lors d’une interview avec l’agence italienne Nova. L’amendement autorisant la BCT à injecter 2 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat est certes « loin d’être idéal« , mais il s’avère crucial compte tenu des circonstances actuelles.
Un pis-aller assumé
La BEI, bien qu’elle ne s’immisce pas dans les politiques nationales, s’est dite préoccupée par la situation financière de la Tunisie. « Ce n’est pas la meilleure solution, mais c’est la seule que nous ayons« , a déclaré Révéreault, soulignant que la BCT intervenait déjà indirectement en rachetant des titres financiers.
En d’autres termes, l’opération consiste à transférer le fardeau des banques vers la banque centrale. Un pari risqué, car la BCT assume désormais la responsabilité de la dette publique.
Un sursis à saisir
Si la mesure est présentée comme exceptionnelle et limitée dans le temps, la tentation de la reconduire est grande. Un scénario que redoutent les experts, car il pourrait fragiliser davantage l’économie tunisienne et menacer sa stabilité. L’injection de liquidités par la BCT offre un sursis à l’Etat tunisien, lui permettant de respirer et de financer ses dépenses urgentes. Mais ce répit ne doit pas occulter la nécessité de réformes profondes pour assainir les finances publiques et relancer la croissance.
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