Avec cette question, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) interpelle le public à donner une perception générale de la santé. Elle lance un concours où chacun est appelé à participer en donnant sa définition de la santé dans un texte de soixante mots avant le 30 septembre 2013. Les meilleures copies seront récompensées par une prime de 200$ US.
Selon l’OMS, l’ancienne définition de la santé, qui veut que la bonne santé soit un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité, parait aujourd’hui caduque et erronée. L’OMS en est certainement consciente et c’est dans ce but qu’elle lance ce grand sondage pour en tenir compte dans la prochaine définition officielle de la santé. Mais il y a certainement une autre finalité à cette opération, comme trouver des outils de description de la santé, ou un meilleur langage entre population et professionnels du secteur.
Le bien-être social
Si l’on se réfère à cette définition, nous allons trouver qu’en dehors des pays riches plus de 90% de la population des autres pays n’est pas en bonne santé. Nous allons aussi conclure que les responsables de la santé des populations sont les gouvernements. Ils doivent tout fournir aux peuples pour qu’ils soient en bonne santé, comme le font les pays riches : médicaments, prises en charge médicosociale, aides sociales, etc.
Le complet bien-être physique, mental et social est difficile à atteindre et ne signifie rien en pratique. Le bien-être social qu’est-ce que c’est ? Avoir de l’argent ? Avoir un travail ? Avoir un partenaire ? Avoir des enfants ? S’entendre avec sa famille ? S’entendre avec ses voisins ? Partir en vacances ? Vivre dans un pays libre ?
Quant au bien être mental, «où» se trouve-t-il ? Il s’agit, toujours selon l’OMS «d’un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté». Comment rester «dans un état de bien-être» s’il faut «surmonter les tensions de la vie…» ?
L’absence de maladie, qu’est-ce que c’est ? Maladie aiguë ou chronique ? Les maladies aiguës sont passagères, si elles ne s’aggravent pas, mais les maladies chroniques s’installent confortablement auprès des personnes et les accompagnent pendant très longtemps, jusqu’à la fin de leurs jours. La majorité des personnes ayant des maladies chroniques s’accommodent de ces affections et ne se considèrent pas pour autant malades au sens de ne pas pouvoir accomplir les actes de la vie quotidienne. On peut vivre très, très longtemps avec un cancer, avec le SIDA, avec le diabète, avec l’hypertension, avec la maladie d’Alzheimer, etc. Le concept de maladie n’est plus le même et il serait sans doute plus judicieux de parler de maladie équilibrée par un traitement ou non.
On en arrive à l’infirmité. L’absence d’infirmité fait partie de la définition de la bonne santé. Un grand débat a eu lieu il y a quelques années sur l’infirmité et le handicap. Depuis on a considéré qu’il est préférable de parler de «fonctionnement» possible ou pas, dans un environnement propice ou pas. Les facteurs environnementaux sont très importants, ils peuvent devenir des obstacles ou des facilitateurs dans la réalisation des activités de la vie quotidienne. En chaise roulante, avec un ordinateur, un téléphone mobile et tous les dispositifs possibles et imaginables, on peut continuer à vivre sa vie pleinement. Alors l’infirmité est-elle encore un handicap à la bonne santé ?
Samira Rekik