Ce 17 mai, à Rouen, le policier tire à bout portant. De cinq balles, dont l’une ratée, il abat l’incendiaire de la synagogue, lieu de culte sauvé par les pompiers sitôt les flammes déclenchées.
Dès la divulgation de l’information, les commentaires commencent à fuser, sans tarder : «S’en prendre à un juif, c’est s’en prendre à la France », déclare aussitôt, le garde des sceaux. Peu après, le ministre de l’Intérieur dénonce la flambée de l’antisémitisme en France et son importation du Moyen-Orient. Cependant, l’apparition de maintes kippas sur les têtes rassemblées autour de Gérard Darmanin suggère un État de droit quelque peu malsain. Lorsque l’étudiante fut empêchée d’accéder à sa faculté pour avoir porté un signe d’islamité, les hauts-perchés du régime français hurlèrent en même temps pour approuver l’exclusion.
Ces petits-fils et légataires universels des guerres de religion vociférèrent à l’unisson. Interdit, aucun marqueur islamique n’aurait osé approcher un dignitaire de l’auguste république.
Hlel a3likom hram a3lina. Ce deux poids, deux mesures cligne vers l’aspect tendancieux, frauduleux et fallacieux des commentateurs montés à l’assaut de l’antisémitisme attribué à l’incendiaire algérien lancé vers les policiers, surarmés, un couteau de cuisine à la main. « Le tireur sera honoré par moi, demain », proclame Gérard Darmarin. Avec la Tunisie, l’Algérie, pouvoir d’Etat et société civile réunis, fulmine sans répit contre l’ignominie de l’armée israélienne impunie.
Imprégné jusqu’ à la mœlle des os par l’ambiant solidaire du peuple chassé de ses terres, le citoyen algérien, tunisien ou marocain assume le risque de foncer, tête baissée, vers les parrains du génocide israélien.
Ainsi répliquent les médias sudistes aux falsificateurs nordistes. Ces derniers jouent hors-jeu dès l’instant où ils occultent l’origine de la mise à feu. S’en prendre à l’incendiaire de la synagogue, c’est s’en prendre au ressentiment éprouvé envers l’usurpation de la terre. Au principe de l’ample désarroi était la nakba. La détestation des colons façonne la nouvelle mondialisation. Deux regards opposés scrutent la télévision. L’appartenance à l’un et l’autre clan sous-tend les réactions.
Le dégoût ressenti envers les chaînes occidentales, complices de l’affaire génocidaire, inspire la tendance à les fermer dès l’instant où le faux commence à exhiber le bout du nez. Mais un second mouvement suspend le premier élan. Autant écouter pour collecter la façon de biaiser. Aveuglés par leur incurable cécité, les tenants de la dictature vont droit au mur. Voilà pourquoi les damnés de la terre espèrent le repli des Etats-Unis et apprécient la Russie. Celle-ci vient de lancer vers la stratosphère, un vaisseau tueur de satellites espions pareil à celui des Américains qui indiqua aux Israéliens l’endroit où ils tuèrent, entre autres, Islam Khamaryseh.
Indisposés par ce progrès technique des Russes, les Occidentaux baient aux corneilles et songent aux mots de Corneille, natif justement, de Rouen : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » Prémonitoire, l’auteur du « Cid » paraît avoir à voir avec ce vaisseau spatial applaudi par les adversaires unis tout au long de l’axe du mal : « Gare à toi homme sans foi ni loi ». Au chapitre XXVIII de son bel ouvrage titré « Kazan », James-Oliver Curwood décrit « comment Sandy Mac Trigger trouva la fin qu’il méritait » : « Kazan épiait tous ses mouvements… Il bondit et l’élan fut tel qu’un des anneaux d’acier, plus faible que les autres, céda avec un bruit sec. Avant que Sandy Mac Trigger eût eu le temps de se retourner et de se mettre en garde, le chien-loup était à sa gorge. Avec un cri d’épouvante, l’homme chavira et, tandis qu’il roulait sur le sol, la voix grave du gros danois, qui tirait sur sa chaîne, gronda en un tonnerre d’alarme ».
L’ainsi dénommé « Sud global » attend le moment où les responsables de tout le mal depuis l’ère coloniale subiront le sort du méchant Sandy Mac Trugger, enfin égorgé à juste titre par le flamboyant Kazan.
Mille et un critères à teneure morale vrillent l’homme à l’animal.
Ainsi parlaient ces deux monologues engagés autour de la synagogue.
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