Une délégation italienne de haut niveau, composée de représentants de la structure de mission Plan Mattei, des sociétés Enel et Eni, et de l’ambassadeur d’Italie en Tunisie, Alessandro Prunas, a été reçue hier par la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet, et par le secrétaire d’État chargé de la Transition énergétique, Wael Chouchane. L’échange de vues s’inscrit dans le cadre d’une collaboration prometteuse visant à développer conjointement un projet pilote de production d’hydrogène renouvelable en Tunisie.
Cette initiative s’inscrit dans la droite ligne du Plan Mattei pour l’Afrique, un programme ambitieux visant à promouvoir le développement durable et la coopération énergétique entre l’Italie et les pays africains. L’objectif principal est de concrétiser une perspective d’intégration énergétique entre l’Afrique du Nord et l’Europe, positionnant l’Italie comme plaque tournante des besoins énergétiques européens.
Le projet pilote en question vise à explorer la faisabilité technique et économique de la production d’hydrogène vert en Tunisie. Il s’agit d’une étape cruciale dans le développement d’une chaîne d’approvisionnement complète pour l’hydrogène vert dans le pays. L’initiative met l’accent sur le transfert de compétences et la collaboration avec les centres de recherche et les universités tunisiens et italiens, garantissant une implication directe des acteurs locaux dans le projet.
La Tunisie ambitionne de réduire considérablement sa dépendance au gaz, qui représente actuellement près de 97% de sa production d’électricité. L’hydrogène vert se présente comme une alternative prometteuse, susceptible de révolutionner le paysage énergétique du pays.
Les projections sont audacieuses : la Tunisie vise une production d’hydrogène vert de 8,3 millions de tonnes d’ici 2050. Ce jalon permettrait non seulement de transformer le paysage industriel et énergétique national, mais aussi de positionner le pays comme un acteur majeur sur la scène internationale de l’énergie propre.
Avec un potentiel d’exportation de 6 millions de tonnes d’hydrogène par an à pleine capacité, la Tunisie ambitionne de devenir un « hub » central pour la production d’hydrogène vert. L’opérateur TuNur, à travers un objectif historique de 12 gigawatts (Gw) de capacité installée d’ici 2030, joue un rôle central dans cette stratégie.
L’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME) s’est fixé comme objectif d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national à 35% d’ici 2030, contre 5% actuellement. Cette transition énergétique s’inscrit dans une vision globale visant à garantir un approvisionnement énergétique sûr, accessible et abordable pour tous d’ici 2035.
La modernisation du secteur énergétique tunisien passe également par l’interconnexion avec l’Italie. Le projet Elmed, qui prévoit la construction d’un câble sous-marin de plus de 240 kilomètres entre la centrale électrique de Partanna (Trapani) et la péninsule de Capo Bon, constitue un élément clé de cette stratégie. D’une valeur de 840 millions d’euros, cette infrastructure permettra une fois achevée un flux d’électricité continu de 600 MW entre les deux rives de la Méditerranée.