Alors que le chef de Nidaa Tounes, Béji Caied Essebssi, était en tournée en Europe, le premier forum des Tunisiens à l’étranger du parti s’est tenu le 17 août à Bizerte. Une occasion pour finaliser le programme de travail des coordinations. Mais ce ne fut pas sans tensions.
«Nidaa Tounes existe à l’étranger depuis dix mois. Nous sommes dans une phase de structuration et le travail continue dans ce sens», a affirmé Raouf Khammassi, le coordinateur général des Tunisiens à l’étranger au sein de Nidaa Tounes. Actuellement, le parti est représenté dans quatre continents. Il a 24 bureaux régionaux et 178 bureaux locaux.
À l’ordre du jour de ce forum ayant réuni des Tunisiens en provenance du Canada, du Maroc, des Émirats arabes unis, de France, d’Italie et d’Allemagne, la finalisation du programme du parti concernant ses coordinations à l’étranger. Il sera présenté lors d’un meeting prévu dans trois mois en Allemagne.
Ridha Belhaj, membre du Bureau exécutif venu inaugurer le forum, a beaucoup insisté sur le rôle des Tunisiens à l’étranger pour soutenir Nidaa Tounes lors des prochaines élections. Il a rappelé à cet effet le poids de la diaspora tunisienne lors des élections du 23 octobre 2011, qui a fait pencher la balance en faveur d’Ennahdha.
Revenant ensuite à la crise politique en Tunisie, il affirmé la position de son parti quant à la nécessité de dissoudre l’ANC et le gouvernement actuel en le remplaçant par un gouvernement de technocrates. Il a réaffirmé que Nidaa Tounes agit au sein d’un front de salut et qu’il est nécessaire de protéger contre toute tentative de la part d’Ennahdha de le briser. «Nous œuvrons en ce moment à réunir nos forces et à travailler ensemble» a-t-il déclaré. Il est aussi revenu sur le sit-in du Bardo et sur la campagne Irhal à l’intérieur du pays pour chasser les gouverneurs et les maires nommés par Ennahdha. À cet effet, Belhaj a insisté sur la nécessité de faire le même travail au sein des consulats à l’étranger afin de les neutraliser des appartenances partisanes.
Conflits internes et boycott
Mais derrière la concorde affichée dans le meeting se cachait un conflit fort au sein des coordinateurs de Nidaa Tounes à l’étranger et au sein de la coordination régionale de Bizerte accueillant l’évènement.
48 heures avant le meeting, 7 coordinateurs locaux en plus de quelques membres de la coordination régionale de Bizerte ont publié un communiqué interne pour dénoncer la décision unilatérale de la coordinatrice régionale, Hayet Kbaier, d’organiser le forum des Tunisiens à l’étranger de Nidaa Tounes sans les consulter ou les prévenir. D’où leur décision de le boycotter. «Non seulement nous n’avons pas été avisés de la tenue de ce meeting, mais la coordinatrice a fait appel à d’autres personnes en les présentant comme coordinateurs locaux», affirme Hichem Khadraoui, coordinateur local à Menzel Jemil qui s’était vu destitué de ses fonctions la veille.
Les protestataires ont tenu une réunion avec des membres du Bureau exécutif du parti qui leur ont promis de trouver une solution. Entre-temps, ils ont décidé de créer un comité restreint de gestion des affaires de Nidaa Tounes à Bizerte.
Les problèmes avec la coordinatrice n’ont pas commencé aujourd’hui d’après ce qu’affirme Nébil Chebbi, membre de la coordination régionale de Bizerte qui l’accuse d’avoir toujours «monopolisé la décision et de ne pas vouloir travailler en concertation avec les coordinateurs locaux.»
De son côté, Hayet Khebaier estime que les signataires du communiqué «ont tout fait pour faire échouer le meeting et que contrairement à leurs allégations, ils ont tous été invités». Elle reconnait qu’il y a des tensions au sein de la coordination régionale de Bizerte, notamment entre elle et le Secrétaire général, tout en précisant que ce groupe de protestataires ne cesse de semer la discorde entre les deux personnes.»
Des tensions existent aussi au niveau des coordinations des Tunisiens à l’étranger de Nidaa Tounes. Certains coordinateurs présents en Tunisie, notamment les représentants de France Nord, de France Sud et de Suisse se sont lamentés de l’absence de concertation pour l’organisation de l’évènement. «Nous n’avons été ni informés, ni invités à ce forum, le premier du genre en Tunisie», indique Hédi Benzarti, coordinateur de Nidaa Tounes à France Nord. Il estime que cette accaparation de la prise de décision a eu comme résultat la faible mobilisation pour le forum. Chose qui aurait pu être évitée «s’il y avait eu un travail commun impliquant toutes les coordinations à l’étranger». Une accusation à laquelle a répondu Raouf Khammassi, le coordinateur général de Nidaa Tounes à l’étranger, en disant qu’il y a eu «une mauvaise communication concernant l’évènement et qu’il a été décidé de réserver ce premier forum à la diaspora tunisienne originaire de Bizerte». Sans nier les tensions qui existent, Khammassi les a justifiées par la création récente de ces coordinations. Il a précisé que d’autres meetings similaires sont programmés prochainement à Monastir et à Médenine.
Hanène Zbiss