Comme chaque année au mois d’août, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publie un rapport sur la santé dans les différents pays. Chaque année ce rapport relate un thème différent. Celui de 2013 concerne la recherche pour une couverture sanitaire universelle.
L’OMS appelle tous les pays à investir dans ce domaine afin de mettre à la disposition de leurs habitants les services de santé dont ils ont besoin, sans que le coût de ces services n’expose l’utilisateur à des difficultés financières. Ce rapport montre comment les pays, lorsqu’ils mettent en place un système de couverture sanitaire universelle, peuvent utiliser la recherche pour déterminer les problèmes de santé à prendre en compte, structurer le système de santé et mesurer les progrès accomplis en fonction de la situation sanitaire qui leur est propre.
La santé n’a pas de prix
La couverture sanitaire universelle permet l’accès aux soins à tous, à tout moment et dans toutes les circonstances, sans risque de se ruiner financièrement ni de détruire un système de santé. La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût. Pour cela chaque pays doit trouver sa politique de santé. C’est là que la recherche pour la santé intervient. Grâce aux collectes de données, les chercheurs trouveront les moyens d’améliorer les systèmes de santé mis en place. Mais cette recherche ne peut se faire sans l’appui de tous les acteurs intervenant dans les systèmes de santé, dont la volonté politique.
Dans ce domaine, la Tunisie a été classée parmi les bons élèves de l’OMS. En effet, sur 10 pays de la Méditerranée orientale, la Tunisie occupe la 2e place juste après Oman (qui a d’énormes moyens) et avant le Liban. Elle a été citée comme un pays performant en matière de gouvernance nationale de la recherche en santé avec beaucoup d’exemples de bonnes pratiques.
Un grand pas, mais
Il faut dire que la Tunisie dispose d’une longueur d’avance dans ce domaine. Depuis les premières années de l’Indépendance la Tunisie a choisi ce système de santé basé sur la recherche. C’est ainsi que des programmes nationaux d’éradication ou de prise en charge des maladies ont vu le jour et persistent jusqu’à aujourd’hui. Ces programmes permettent de venir à bout, efficacement et au plus bas coût, d’un problème de santé. On se rappellera comment avec un simple tube de pommade «pénicilline», la Tunisie a été l’un des premiers pays à éradiquer le trachome. Maladie qui persiste encore dans la région.
Les deux plus grands soucis de l’OMS en matière de maladies sont la tuberculose et le VIH/SIDA. Or pour ces deux pathologies la Tunisie a mis en œuvre des programmes de santé pour les circonscrire bien avant les recommandations de l’OMS. En Tunisie un programme de santé implique une gratuité totale de la prise en charge incluant le dépistage, le diagnostic, le traitement, la prévention, le suivi après le traitement, etc.
L’OMS s’inquiète également pour la mortalité maternelle et infantile. À ce niveau, la Tunisie a constaté de mauvais résultats et a par conséquent réajusté le «programme national de périnatalité». C’est cette démarche que préconise l’OMS : diagnostiquer les problèmes de santé, définir les stratégies à adopter en matière de traitement, de prise en charge, trouver le budget le moins coûteux, mettre en œuvre le programme et surtout l’évaluer à chaque étape pour le réajuster au fur et à mesure. Tout ça la Tunisie sait très bien le faire depuis de longues années, ce qui lui a valu cette dernière reconnaissance de la part de l’OMS. Espérons que cela va continuer, car des programmes nationaux qui devaient voir le jour en 2011 sont toujours en suspens, comme le programme national de lutte contre les hépatites virales, un grand problème de santé publique qui coûte très cher à l’État et à la communauté.
Samira Rekik