L’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE) a partagé une analyse détaillée sur les impacts économiques de la fermeture du passage de Ras Jedir. Ce document, dont une copie est parvenue à la rédaction de Réalités Online, met en lumière les conséquences significatives de cette fermeture sur l’économie nationale, en particulier pour les régions du sud tunisien.
Selon l’analyse de l’IACE, le passage a été fermé de mars à juillet 2024 en raison de l’instabilité sécuritaire en Libye. Cette fermeture a eu des répercussions économiques et sociales majeures pour de nombreuses familles du sud tunisien, en particulier celles qui dépendent des revenus générés par le commerce à travers ce passage.
La fermeture a provoqué une interruption significative du flux de marchandises, ce qui a entraîné une perte estimée à 180 millions de dinars en recettes d’exportation durant cette période. Les pertes pourraient atteindre près de 300 millions de dinars d’ici la fin de l’année si le passage ne retrouve pas son rythme antérieur, avec des périodes d’attente prolongées.
L’impact de cette fermeture est particulièrement marqué pour les entreprises qui dépendent de ce marché pour l’exportation. Les secteurs touchés incluent les matériaux de construction, notamment le ciment, ainsi que les produits agricoles tels que les fruits, et d’autres produits comme les shampoings et les couches pour bébés. L’analyse de l’IACE souligne que ces perturbations ont mis en péril l’activité économique de nombreuses entreprises opérant dans ces secteurs.
L’étude met également en lumière un phénomène préoccupant : bien que la fermeture du passage ait contribué à réduire le commerce parallèle et la contrebande dans le sud tunisien et l’ouest libyen, elle a également ouvert la voie à une augmentation de ces activités à travers les frontières algériennes. Le commerce parallèle, en particulier le trafic de combustibles, reste prédominant, représentant 10 % des ventes et 30 % des bénéfices dans les zones affectées.
Pour atténuer ces impacts et renforcer la résilience économique, l’IACE recommande plusieurs mesures :
1. Renforcement de la coopération bilatérale : La coordination entre les autorités tunisiennes et libyennes doit être améliorée pour garantir une réouverture efficace et sécurisée du passage.
2. Amélioration des infrastructures :Il est essentiel d’investir dans les infrastructures nécessaires pour fluidifier le passage et réduire les périodes d’attente.
3. Digitalisation des Procédures : La création de plateformes électroniques pour accélérer les démarches douanières et minimiser la bureaucratie pourrait grandement améliorer l’efficacité du passage.
4. Soutien aux PME : Des incitations et des mesures de soutien doivent être mises en place pour les petites et moyennes entreprises du sud tunisien afin de les encourager à investir et à se développer dans la région, tout en contrant les effets négatifs de l’économie parallèle.