Ala Marzouki, président de l’Observatoire tunisien de l’eau, a lancé un appel pressant pour une réforme majeure du secteur de l’eau en Tunisie. Lors de son intervention sur les ondes d’Express FM, il a plaidé pour la création d’un ministère dédié exclusivement à l’eau et la réalisation d’un audit complet du secteur.
Marzouki a dénoncé la présence de 30 000 puits illégaux, dont l’exploitation se fait sans supervision étatique, ce qui, selon lui, est particulièrement dangereux en période de sécheresse. Il a souligné la nécessité de regrouper toutes les institutions liées à l’eau, telles que l’Office des eaux minérales, l’Office national de l’assainissement et la Société tunisienne de distribution des eaux, sous un ministère spécifique. Il a critiqué la dépendance actuelle vis-à-vis du ministère de l’Agriculture, qui gère 80 % des ressources en eau pour le secteur agricole.
En ce qui concerne les réserves en eau, Marzouki a indiqué que les niveaux de stockage des barrages stagnent à 23 %, alors que la consommation quotidienne atteint entre 1 et 1,5 million de mètres cubes. Il a souligné que, malgré les récentes précipitations bénéfiques, la situation reste préoccupante, notamment pour le barrage de Sidi Salem, dont le niveau est à seulement 17 %. Ce barrage est crucial pour les grandes régions de Tunis, les zones côtières, le Cap Bon et Sfax.
Marzouki a également critiqué le manque de progrès dans l’élaboration d’un code de l’eau moderne, le texte actuel étant en stagnation depuis 12 ans. Il a souligné que les fuites dans les vieux réseaux causent la perte de 30 % de l’eau. Il a appelé à une meilleure gestion des ressources en eau et à un soutien accru pour les petits agriculteurs touchés par les quotas d’eau.
Pour améliorer la situation, il a recommandé d’explorer l’utilisation des « eaux grises » – eaux usées traitées et réutilisées – qui pourraient représenter jusqu’à 300 millions de mètres cubes par an. Il a aussi plaidé pour la rénovation des infrastructures d’assainissement, souvent négligées, et a appelé à l’intégration des avancées technologiques et à un plan agricole adapté aux ressources en eau disponibles.