Depuis décembre dernier, la poursuite des présumés terroristes se poursuit dans les montagnes aux confins tuniso-algériens. Bizarrement, aucun membre d’AQMI n’a été capturé, une véritable chasse aux fantômes ! Depuis une semaine les autorités algériennes avertissaient la Tunisie d’éventuelles opérations terroristes pendant le mois du ramadan. Cela provient de l’arrestation la semaine dernière à Oued Souf (frontière tuniso-algérienne) de Kamel Ben Arbia, plus connu sous le nom d’Abou Fida, appartenant à un groupe de terroristes algériens retranchés avec leurs acolytes tunisiens dans le djebel Chaâmbi. Ben Arbia, mort d’ailleurs, était activement recherché par les autorités aussi bien tunisiennes qu’algériennes et fait partie d’un groupe de sept terroristes, fichés par les services des armées tunisienne et algérienne, à savoir, Khaled Hamadi Chayeb, Ismaïl Ghrissi, Mahmoud Saâd Hassine, Abdelghani Ouhichi, Ahmed Ben Ahmed Baccar et Mohamed Larbi Ben Massoud Ben Ali. Cet attentat serait alors une vengeance de l’assassinat du leader du groupe, Kamel Abou Fida. Alors que nous pouvons aussi faire le lien avec la capture de deux membres à la Goulette qui ont fait exploser la voiture de la Garde nationale. La recrudescence de la violence d’AQMI est palpable, en Libye ses empreintes sont bien présentes à Benghazi.
Barbarie au nom de l’Islam
Quel que soit le motif de ces criminels barbares, sadiques, sanguinaires et sans scrupule, ils ont, non seulement perpétré la mort, mais ont exercé sur les corps des défunts des mutilations et des tortures : sont-ils des êtres humains comme nous ? J’en doute ! Mais au nom de quels principes l’ont-ils fait ? (Je n’évoque pas l’Islam, car ces vandales sont les derniers à en connaître ses préceptes). Quelles symboliques et buts poursuivent-ils ?
On a pu comprendre par le passé que ce dit «Djihad» (mal compris et mal interprété) se dirigeait vers des envahisseurs étrangers, mais que dire aujourd’hui ? On se demande d’ailleurs, si c’est un acte religieux et pourquoi ne pas s’en enorgueillir publiquement de l’avoir accompli ? Quel courage et quel acte héroïque ont-ils commis ? Ce sont eux les véritables ennemis de l’Islam !
Ce qu’ont fait nos nobles soldats, est réellement l’Islam, car ils protégeaient nos maisons, nos enfants, bref notre sécurité. Pour ces terroristes sadiques et sanguinaires : est-ce l’enseignement que vous allez donner à vos enfants ? Je ne vous souhaite pas de progéniture, car elle sera entachée par votre hérésie et votre vision fourbe déformée de la vie. D’ailleurs le mot vie n’a plus de sens pour vous puisque vous ne pensez qu’au crime et ce, quel que soit le prétexte.
Est-ce l’Islam qui vous pousse à tuer votre frère ? Et pour parvenir finalement à quel but allez-vous éliminer tous vos adversaires potentiels et vivre seuls sur terre par la terreur?
Vous ne passerez jamais. L’armée nationale tunisienne est profondément patriotique et tous les Tunisiens s’érigeront en rempart contre vos projets : combien allez-vous tuer ? 11 millions ? Vous n’êtes capables que de perpétrer la mort et le néant autour de vous et de cela l’Islam est absent !
Guerre déclarée contre le terrorisme : à quand le sursaut ?
L’heure est maintenant au deuil, mais les atermoiements politiques sans lendemain, pour venir à bout du terrorisme, prennent notre Tunisie et tous les Tunisiens en otage. Aucune décision courageuse d’envergure n’a été jusqu’à présent prise. Pour ma part je plains les décideurs, particulièrement la présidence de la République qui, mis à part des discours protocolaires creux, n’a pas été en mesure de relever les défis aussi bien intérieurs que continentaux. Avions-nous doté notre armée, notre police et Garde nationale d’une structure de renseignements aussi étendue qu’efficace ? Pourquoi la sécurité nationale n’est-elle pas une priorité nationale alors que nous l’avons clamé avec emphase depuis plus d’une année ? Pourrions-nous revoir les désignations à la tête de l’administration centrale et garantir le flux de l’information qui part de la base et va jusqu’au sommet ? Ce sont les premiers signes d’une véritable volonté politique qui coupe avec les mauvaises habitudes adoptées jusque-là.
Je vous rappelle, Monsieur le président de la République, que vous êtes le commandant suprême supérieur des forces armées. Alors que des bouleversements structuraux touchent notre pays et notre région toute entière, rien n’a été fait pour combattre le terrorisme. Et ce n’est certainement pas par des institutions administratives vides que les choses peuvent avancer. Une instance indépendante de la sécurité nationale, flanquée de centres académiques, à l’instar de l’Institut d’études stratégiques (qui, comble de l’ironie, est dirigé par un spécialiste de l’Histoire de l’art, qui ne connait rien aux questions stratégiques, un poste-cadeau aux membres du CPR, alors que la Tunisie regorge de véritables académiciens et spécialistes en la matière) renforceront l’idée d’institutions et couperont avec les personnes. Le bon exemple commence par soi !
L’urgence est de doter au plus vite nos forces de sécurité de tous les moyens possibles et imaginables afin de faciliter son travail sur le terrain. Malheureusement rien n’a été fait qui semble être au niveau des défis gigantesques que traverse notre pays et dont nos enfants payent lourdement le prix : l’histoire ne pardonnera pas les fautes et la faute consiste à croire au père Noël alors que les décisions doivent être prises d’urgence. Une stratégie pour combattre le terrorisme n’est pas une invention, mais une nécessité absolue et pour y parvenir ce ne sont pas les réunions de bureau qui sont utiles, mais des visites sur sites et la consultation des hommes du terrain et des académiciens auraient pu nous éviter ces graves lacunes qui ne se cachent plus aujourd’hui devant personne.
Fayçal Chérif