L’épreuve de force engagée entre les employés de la Société des industries pharmaceutiques de Tunisie (SIPHAT) et leur PDG, n’a pas encore trouvé d’issue. Éclairage.
Les employés de la SIPHAT veulent à tout prix la démission de leur PDG, qu’ils accusent de mauvaise gestion. Abdellatif El Mekki, ministre de la Santé, a volé à son secours en organisant une conférence de presse où il a expliqué que derrière toutes ces perturbations, il y a la main d’anciens «Rcdistes» dont le seul dessein est de faire couler la société afin qu’elle soit privatisée.
Du côté des employés, c’est une autre version des faits qui est donnée. Ces derniers remettent en cause la nomination du PDG qui est un proche du parti au pouvoir, Ennahdha. Rappelons que la SIPHAT est une société qui appartient en majeure partie à l’État tunisien. Selon les employés, les problèmes ont commencé quand le nouveau PDG, nommé début 2013 par l’actuel ministre de la Santé, a ordonné des promotions jugées injustes et non transparentes par le personnel. Certains employés fraîchement recrutés se sont vu attribuer des postes de chef de service et de chef de département par le PDG et son directeur technique, alors que ces nominations relèveraient du domaine de compétence du ministre lui-même. On parle même du cas d’un fonctionnaire qui aurait bénéficié d’une promotion importante bien qu’il ait un niveau d’études secondaires ; or c’est un militant du parti islamiste. Ces employés promus bénéficieraient aussi d’avantages tels que voiture de service, bons d’essence, primes… alors que leurs nominations ne sont pas encore officielles.
Volonté de liquidation de la société
Les employés reprochent au PDG son incompétence et sa mauvaise gestion de l’entreprise et vont même jusqu’à vouloir liquider la SIPHAT.
Les agents de la société ont dit «dégage» à leur PDG et à son directeur technique le 15 juillet. Ces deux responsables ont pu rejoindre leurs bureaux accompagnés du secrétaire du ministre de la Santé, qui n’est autre que le beau-frère du PDG.
L’usine continue à tourner malgré tout. Des réunions ont eu lieu avec l’UGTT, et le personnel en attend la position finale.
Soutenant haut et fort le PDG de la SIPHAT, le ministre de la Santé a précisé que ce dernier fait des efforts considérables pour restructurer et réformer l’entreprise afin qu’elle fournisse un meilleur rendement. Il accuse certains employés de la société, dont des responsables techniques, de lui mettre des bâtons dans les roues, expliquant ainsi les dysfonctionnements et les défaillances de l’entreprise.
Cette société a déjà fait parler d’elle au mois d’octobre dernier lorsqu’elle a été le siège d’un incendie, qui lui a valu des pertes quotidiennes s’élevant jusqu’à 9.000D. À l’époque, déjà, le ministre de la Santé avait accusé d’anciens « Rcdistes» d’être derrière cet acte.
Quel sera l’avenir de cette société ?
Samira Rekik