Dans la langue de Voltaire, ce serait, « ils ne passeront pas ». Ils, ce sont les terroristes. Ceux qui crient ce slogan, ce sont des gamins et des gamines, en général âgés tout au plus de 18 ans, tous et toutes adhérent à 9 clubs Interact, du grand Tunis.
« No Pasarân », était le leitmotiv des républicains espagnols dans leur lutte contre les fascistes de Franco (1936-1939). Il est repris cette année par nos enfants, à l’occasion de la journée mondiale de la poésie, pour affirmer, haut et fort, qu’ils n’ont pas peur.
Ils appartiennent à Interact Pilote Ariana, Hammam Lif, Tunis Méditerranée, Tunis Cosmopolitan, Tunis Doyen, Tunis Belvédère, Tunis Golfe, Tunis Inner City et Tunis El Manzah et ont choisi la place, ô combien symbolique, Chokri Belaïd à El Menzah VI pour organiser un après-midi artistique contre le terrorisme. Hommage leur soit rendu.
La manifestation était décidée bien avant l’attentat meurtrier du musée du Bardo. Et ce qui s’est passé en ce mercredi 18 mars n’a fait que renforcer la volonté de ces adolescents à faire entendre leur voix.
Pendant prés de six heures, poètes, slammeurs, rappeurs, chanteurs, groupes de musiques et artistes de tous genres, se sont succédé pour exprimer leur condamnation des actes terroristes et leur refus du modèle de société prôné par les obscurantistes.
Pendant prés de six heures, ils et elles ont chanté, dansé et clamé des poèmes pour dire qu’ils préfèrent la lumière à l’obscurité, qu’ils sèment la vie là où d’autres donnent la mort.
« No Pasarân », était le slogan inscrit sur leurs tee-shirts pour signifier aux semeurs de la mort qu’ils aiment la vie et qu’ils en sont le symbole et le prolongement. C’est aussi un message de réconfort aux centaines de martyrs tombés sur le champ d’honneur alors qu’ils défendaient la Patrie. De la place du martyr Chokri Belaïd, ces adolescents ont voulu lancer un message à ces attardés des temps modernes – ceux qui se terrent dans les grottes des montagnes et dans les caches sombres, car craignant les lumières de la modernité – qu’ils n’ont pas peur d’eux et pour leur dire que leurs tentatives de semer la terreur ont échoué.
Leur message est également adressé à tous ceux qui se sont installés dans l’attentisme et la passivité pour leur dire de sortir de leur léthargie et de combattre ce fléau en continuant à vivre et à aimer la vie.
Eux, nos enfants ont choisi leurs armes pour mener leur combat contre le terrorisme. Ils ont choisi l’art, la musique, la poésie, la joie de vivre et la bonne humeur. Des armes qui dérangent les esprits tordus et malveillants, certes, mais qui résonnent fort pour signifier l’espoir et des jours meilleurs.
Ils étaient des centaines, représentant ce que la Tunisie a de plus précieux : sa jeunesse, à remplir cet espace qui a vu se faire assassiner un des enfants de la Tunisie révolutionnaire par ceux-là mêmes qui continuent à tuer aujourd’hui. Ils étaient là pour dire à tous ceux qui veulent du mal à la Tunisie et à son peuple, qu’ils ne passeront pas.
Un message à méditer.
F.B