La Tunisie a perdu jeudi dernier l’une de ses plus grandes figures artistiques. Fathi Heddaoui, grosse pointure du cinéma, de la télévision et du théâtre tunisien, s’est éteint à l’âge de 63 ans, laissant derrière lui une carrière de quatre décennies. Quelques heures seulement après son inhumation, la cérémonie d’ouverture des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) a été maintenue et s’est déroulée dans des conditions quasi-ordinaires chose qui a suscité la colère d’une bonne partie des internautes sur les réseaux sociaux.
En effet, malgré les appels au report ou à l’annulation de la cérémonie en signe de respect pour le défunt lancés par de nombreux acteurs et artistes dont notamment Moez Kdiri, le tapis rouge a été déroulé comme si de rien n’était. Les participants, y compris des influenceurs et des figures médiatiques, ont défilé dans une ambiance festive, vêtus de tenues glamour, sauf quelques exceptions telle que la grande actrice Rim Riahi qui a choisi une tenue symbolique et dont le sourire a fait défaut tout au long de la soirée.

Rim Riahi sur le tapis rouge à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des JCC
Sur les réseaux sociaux, les internautes ont exprimé leur colère et leur incompréhension face à cette célébration jugée déplacée. « Dans d’autres pays, lorsqu’un artiste de cette envergure décède, on lui rend hommage avec une cérémonie nationale. Ici, on fait la fête quelques heures après son inhumation, ignorant complètement l’émotion nationale et les sentiments de sa famille, proches et amis», a déploré un internaute.
En effet, la direction des JCC a choisi de maintenir la cérémonie, une décision perçue comme un manque de reconnaissance et de sensibilité. Certains ont également dénoncé des choix « déconnectés ».
Lors de la cérémonie d’ouverture, un hommage à Fathi Heddaoui a bien été intégré, mais de manière jugée insuffisante par de nombreuses personnes. Seuls quelques passages dans les discours des intervenants ont évoqué la mémoire de cet acteur légendaire, souvent avec des phrases symboliques telles que « Fathi est toujours parmi nous ». Des photos de l’artiste ont également été projetées pendant la soirée, et une photo géante a été affichée sur la façade de la Cité de la Culture, lieu où s’est déroulée la cérémonie.

Crédit photo: page officielle des JCC
Cependant, ce qui aurait pu être un hommage marquant a été perçu comme un simple geste formel. Le manque de spontanéité et d’improvisation dans l’organisation a laissé une impression d’indifférence. Tout semblait avoir été planifié bien avant le décès soudain de Fathi Heddaoui, et les organisateurs n’ont visiblement pas réussi à réagir à cet événement tragique survenu 48 heures avant le jour J. Au lieu de revoir le programme pour adapter la cérémonie et offrir un véritable moment de recueillement et de gratitude, ils ont maintenu une structure figée, avec des ajustements minimalistes.
Pour un artiste de cette envergure, qui a marqué des générations par son talent et sa contribution exceptionnelle à la culture tunisienne, cette occasion aurait pu être saisie pour montrer la reconnaissance nationale à travers un hommage vibrant et mémorable. Malheureusement, le comité d’organisation a semblé incapable de travailler sous la pression et d’adapter le déroulé initial de la soirée comme il se doit. Certes, on ne peut pas trop demander en seulement 48 heures, mais un effort supplémentaire aurait pu transformer cette cérémonie en un réel moment de recueillement.
Fathi Heddaoui méritait bien plus que çà, espérons que la prochaine édition des JCC sera l’occasion de corriger cet écart en dédiant l’événement à sa mémoire. Cela permettrait de rendre un hommage posthume digne de son immense contribution au patrimoine culturel tunisien.