La Tunisie commémore samedi 18 janvier 2025, les évènements du 18 janvier 1952, une date majeure dans l’histoire du pays. Cette date représente un tournant crucial dans l’histoire de la lutte pour l’indépendance tunisienne.
Ce jour-là, sur ordre du résident général français en Tunisie fraîchement désigné, Jean de Hauteclocque, les rassemblements furent interdits et plusieurs figures emblématiques du mouvement nationaliste tunisien furent arrêtées, principalement des dirigeants du Néo-Destour, notamment le leader Habib Bourguiba, capturé lors d’un meeting à Bizerte, le 15 janvier 1952. Cette série d’arrestations visait à briser le pouvoir de mobilisation du mouvement nationaliste et à limiter l’escalade de la contestation. Cependant, cette répression a eu l’effet inverse, déclenchant une vague de colère qui s’est rapidement propagée à travers tout le pays.
L’escalade syndicale
À la suite de ces événements, des manifestations spontanées éclatèrent dans plusieurs régions de la Tunisie, où la population exprima son mécontentement. Mais ces manifestations furent violemment réprimées par les forces coloniales françaises, ce qui accentua encore la détermination des Tunisiens. En réaction à cette répression, les syndicats et les partis nationalistes, menés par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), dirigée par Farhat Hached, décidèrent de passer à l’action en appelant à une grève générale.
Le 22 janvier 1952, la grève générale fut largement suivie à travers tout le pays, notamment dans les principales villes comme Tunis, Sfax, Sousse, Bizerte et Kairouan. Le mouvement fut soutenu par une grande diversité de la population : ouvriers, commerçants, employés et agriculteurs suspendirent leurs activités pour manifester leur opposition aaux autorités coloniales. Cependant, la répression française fut d’une brutalité inouïe. Les forces coloniales se sont déployées pour écraser la grève et disperser violemment les manifestants. Des centaines de personnes furent arrêtées et plusieurs manifestants sont tombés en martyrs.
La voie à la lutte armée
Les événements du 18 janvier et de la grève générale du 22 janvier 1952 ont profondément marqué le mouvement nationaliste. Ils ont ouvert la voie à des formes de résistance plus radicales, notamment par le recours à la lutte armée. Des cellules de résistance furent créées dans différentes régions du pays, particulièrement dans le sud et le Centre-Ouest de la Tunisie. La répression violente des autorités coloniales et l’intensification de la lutte ont également attiré l’attention internationale sur la question tunisienne. La communauté internationale commença à dénoncer l’ampleur de la répression et à critiquer la France pour sa gestion du conflit.
Ces événements ont eu un effet galvanisant sur la population tunisienne. Les arrestations des leaders du Néo-Destour et la violence exercée par les forces coloniales n’ont fait qu’accroître la détermination des militants du mouvement nationaliste. Les souffrances endurées par les Tunisiens lors de cette période ont renforcé leur volonté d’obtenir l’indépendance.
Sur le chemin de la liberté
Cette mobilisation et ces sacrifices ont été les prémices de la guerre de libération nationale. Quatre ans après ces événements, la Tunisie accéda à l’indépendance le 20 mars 1956, grâce à une combinaison de résistance armée, de pression politique et de négociations. Les événements de janvier 1952 restent une étape décisive de cette lutte, un moment où la détermination des Tunisiens se manifesta avec une force inouïe, et où leur rêve de liberté devint un objectif incontournable. Cette date reste également un symbole de résistance et de sacrifice dans la lutte pour l’indépendance. Elle rappelle les efforts et les sacrifices consentis par des générations de Tunisiens pour mettre fin au joug colonial.
M.A.B.S