Au moment où sont rédigées ces lignes, les tractations autour d’un accord sur un cessez-le-feu à Gaza n’ont jamais été aussi proches du dénouement. Exhortations trumpistes à l’endroit de Netanyahu obligent. Sans oublier les menaces, tout aussi trumpistes, de transformer le Moyen-Orient en enfer dans le cas où le Hamas ne libèrerait pas les otages avant le 20 janvier, date de son investiture en tant que nouveau président des Etats-Unis d’Amérique pour les quatre prochaines années. (NDLR ; Un accord de trève a été conclu et un échange de prisonniers a eu lieu)
Ce serait sans doute la première grande bonne nouvelle en ce premier mois de l’année 2025, tout en souhaitant qu’elle ne soit pas la dernière ni qu’elle ne cache derrière elle les grandes annonces politico-médiatiques d’autres surprises moins heureuses. Tout peut, désormais, arriver en ces temps de bras de fer armés et de bouleversements géopolitiques régionaux et mondiaux caractérisés par des comportements agressifs, violents, inhabituels, des plus puissants de ce monde, lesquels n’ont plus aucune gêne à bafouer toutes les règles de droit international et humain, ainsi que la justice internationale pour concrétiser leurs desiderata. L’accord de cessez-le-feu ne sera pas la fin du calvaire des Palestiniens. Nul ne sait à quoi ressemblera Gaza après, ni le sort réservé aux survivants du génocide, ni de ce qu’il adviendra de la Cisjordanie occupée en proie aujourd’hui à de violentes répressions les unes amies et les autres ennemies. Mais il n’y a plus que Gaza. Dorénavant, il faudra scruter les nouvelles de la « Nouvelle Syrie » d’où parviennent des informations contradictoires, les unes de joie et de fierté de la liberté retrouvée et les autres de tensions entre les ex-groupes djihadistes alliés qui menacent d’entrer en conflit entre eux et de provoquer une deuxième guerre civile.
Les nouvelles du Liban où les exactions sionistes contre l’accord de cessez-le-feu de 60 jours sont quasi quotidiennes mettant en péril la stabilité de ce pays et la cohésion sociale entre les Libanais. Pour ne citer que ces deux pays du Moyen-Orient, sachant que les autres ne sont pas, non plus, à l’abri des desseins expansionnistes de l’entité sioniste dans la région.
Dans nos contrées, les nouvelles risquent, également, de ne pas être bonnes sinon, du moins, susceptibles d’être inquiétantes. Un indice, et pas des moindres : le sommet tripartite entre les chefs d’Etat tunisien, algérien et libyen, qui doit se tenir à Tripoli (Libye). Ce rendez-vous n’a toujours pas de date en dépit de l’engagement et de l’aptitude intacts de chacun des trois dirigeants à honorer le pacte conclu en 2024 de se réunir régulièrement dans le cadre de l’Alliance tripartite qui s’est fixé comme objectifs de résoudre les problèmes communs aux trois pays tels que la migration clandestine, le déficit de développement économique et social des zones frontalières et les défis géopolitiques régionaux et internationaux.
Des obstacles internes entre les trois dirigeants émanant de divergences de vues ou d’oppositions ? Peu probable. La création de l’Alliance tripartite et l’adhésion à cette structure sont le fruit d’un commun accord des trois chefs d’Etat qui ont exprimé leur volonté politique de trouver des réponses à des questions urgentes d’intérêt commun.
Des obstacles externes au bloc des trois ? Sans doute. Des oppositions à l’Alliance au sein des trois pays, politiques en l’occurrence, ne sont pas à écarter mais elles ne sont pas les plus à craindre contrairement aux oppositions étrangères aux trois pays. L’alliance entre les trois voisins peut être vue comme une menace, hégémonique et économique, par d’autres pays de la région maghrébine et hors Maghreb qui chercheraient à instaurer leur influence dans cette partie de l’Afrique du Nord. La situation en Libye particulièrement est loin d’être stable et connaît régulièrement aux frontières avec la Tunisie des affrontements entre factions rivales armées, des épisodes de regain de violence sur fond de contrebande qui menacent la sécurité des populations qui vivent du commerce transfrontalier et provoquent souvent la fermeture des points de passages frontaliers.
Du côté de la frontière avec l’Algérie, la situation n’est guère meilleure. La Libye demeure fortement divisée et reste contrôlée par deux gouvernements rivaux dont les forces armées respectives, celles affiliées au gouvernement de Tripoli reconnu par l’ONU et celles dirigées par Khalifa Haftar, sont continuellement en état d’alerte maximale. Une situation suffisamment fragile et vulnérable qui ouvre la voie à toutes sortes d’ingérences étrangères d’où qu’elles soient, d’autant que la Libye a été assiégée, depuis 2011, par des armées et des milices étrangères.
Dans nos murs, le souhait que tout aille mieux est général. Sur le plan sécuritaire, la situation s’est beaucoup améliorée mais la vigilance reste de rigueur, les derniers événements survenus en Syrie rejettent la lumière sur le dossier des jeunes Tunisiens enrôlés par des réseaux djihadistes pendant la décennie noire et détenus dans les prisons syriennes mais qui ont été remis en liberté par les nouveaux maîtres de Damas. Sur le plan économique, de petits feux commencent à clignoter au vert mais beaucoup reste encore à faire. Quant au volet politique, il n’est plus à l’ordre du jour ni des autorités politiques ni des médias. C’est le silence, mais il n’est pas muet. Et comme la nature a horreur du vide, c’est la rumeur qui prend place comme la dernière en date qui a été largement partagée et qui fait état d’un prochain Dialogue national en guise d’apaisement de la situation et d’un nouveau départ de la vie politique.
Du côté officiel, silence radio. Kaïs Saïed a l’habitude de se charger lui-même d’informer les Tunisiens lors de ses fréquentes sorties médiatiques. Pour le moment, il n’est pas question de Dialogue national. Pourtant, il ne serait pas de trop.
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